Claude Garcia (Ernst Umhauer), lycéen de 16 ans, s'immisce dans la maison d'un élève de sa classe et en fait le récit à son professeur de français Germain (Fabrice Luchini) dans des rédactions....
Après "Potiche", Ozon change à nouveau de style mais retrouve Fabrice Luchini.
C'est l'adaptation libre d'une pièce espagnole "Le garçon du dernier rang" de Juan Mayorga.
"Dans la maison" commence comme une comédie dramatique mais vire au fur et à mesure en suspens hitchcockien. Le film d'Hitchcock auquel j'ai pensé est "Fenêtre sur cour" parce qu'il traite du voyeurisme. Et le lycéen est justement un voyeur. Seulement au lieu d'espionner avec des jumelles comme James Stewart, il arrive carrément à s'introduire dans la maison en devenant ami avec un de ses camarades de classe. Et comme chez Hitchcock, on assiste à de la manipulation. Non seulement Claude manipule son nouvel "ami" mais entre son professeur de français et lui, on se demande qui manipule qui...
"Dans la maison" est aussi un long métrage sur la création. Et on se demande en voyant en image les rédactions de Claude ce qui est réel et ce qui est inventé. Jusqu'où aller pour créer demande Ozon...?
Comme souvent chez Ozon, le casting est au top. Dans les rôles secondaires on notera Emmanuelle Seigner parfaite en femme qui s'ennuie, Denis Ménochet excellent en père de famille ou encore Kristin Scott Thomas subtile en épouse de professeur qui se laisse prendre au "jeu"...!
En lycéen manipulateur, voyeur et doué Ernst Umhauer impressionne et arrive même à créer le malaise. Et puis bien qui d'autre que Fabrice Luchini pouvait jouer un professeur de français qui cite La Fontaine et maitrise parfaitement notre langue. Il trouve un de ses meilleurs rôles. Amusant d'ailleurs de voir à un moment donné le roman "Voyage au bout de la nuit" de Céline quand on sait la passion qu'a Luchini pour ce livre.
Ozon est au sommet de son art. Sa mise en scène est habile et arrive parfaitement à intégrer les scènes de rédaction à son récit.
François Ozon signe un de ses meilleurs films. Un de ses plus troublants et intelligents qui gagne à être revu. Je le dis parce que je trouve qu'il se bonifie à chaque vision. Un grand cru !