Dans la peau de John Malkovich par Jonathan_Suissa
Avant-tout et par-dessus tout, ce film offre un chef d'oeuvre de scénario : une histoire digne des plus grands contes, digne de Perrault.
Tout à la fois incongru (les dialogues, le 7ème étage et demi, les situations comme celle de la petite fille qui assiste au spectacle de marionnettes érotiques, etc) et tragique (ses personnages si extrêmes qu'on ne peut s'identifier à eux ; son dénouement), elle n'épargne aucune émotion, du rire de bon coeur à la plus profonde noirceur, en passant par la méchanceté gratuite (comme avec la scène où le mari décide de bâillonner sa femme pour aller rejoindre la femme qu'il convoite ; ou pire, lorsque cette dernière décide avec le mari qu'ils vont prendre totalement possession de Malkovich malgré les sursauts d'horreur de celui-ci, pas encore tout à fait réduit au silence).
Ce scénario est l'oeuvre de Charlie Kaufman (Human Nature, Eternal Sunshine...) qui a ensuite donné naissance à un autre chef-d'oeuvre : Adaptation, tout aussi conceptuel, mais peut-être moins fédérateur que ce Being John Malkovich qui réunit tant de figures et de sentiments.
La mise en scène est moins remarquable (notamment les décors et les images, sans éclat, au profit du scénario, qui brille par son étrangeté), mais on ne pourra que s'incliner vis-à-vis du choix des comédiens et de leur direction, notamment avec les personnages campés par Catherine Keener (machiavélique), Cameron Diaz (volontairement misérable, et physiquement surtout - elle qui ne l'a jamais été jusque là et depuis) et John Cusack (tantôt prodigieusement humain et tantôt misérable comme pas deux).
Revu à la faveur d'un diffusion sur Arte, j'ai changé sa note de 5 à 8 tout d'un coup. En le revoyant vous vous rendrez certainement compte de sa valeur, donc n'hésitez pas à faire de même !