Une Alice quarentenaire sous Prozac s'élance dans son tunnel pour se faire le lapin blanc avec sa compagnie de délurés et on embarque pour une aventure sans précédent à laquelle on prend un glouton plaisir à s'abandonner.
J'en conviendrais, le film est tant rempli de lunatiques qu'on en vient parfois a se lenguir d'un terrien pour nous rappeler à la réalité mais un chimpanzé dépressif, deux sorcières lesbiennes et une compilation de chutes incongrues sur une bretelle d'autoroute du New Jersey rendent le visionnage très attachant. Car c'est avant tout une expérience, et une expérience jubilatoire au possible.
On y développe exubérant sentiment de satisfaction totale où tous les rêves sont permis, les désirs sont assouvis et le déraisonnable n'existe plus. Pour Spike Jonz rien n'est jamais trop, mais le problème avec l'assouvissement permanent de tous les désirs c'est que c'est gerbant et après avoir baffré un tel banquet d'incongru et de jamais vu on prendrait bien une cigarette.
C'est en somme un drôle de bestiaire, théâtre d'une forme d'amour très primale où "je t'aime" signifie "aime moi", et "aime moi" signifie "entre dans la peau de John Malkovich pour me pénétrer".
La notoriété offre à l'immonde talentueux un succès pathétique et après un très beau baiser sous la pluie on retrouve les tréfonds de la lie humaine. Mention spéciale au personnage principal qu'on méprisera un peu plus à chacune de ses apparitions.