Chef d'une organisation criminelle recherché par le F.B.I., Victor Massonetti (Lee J. Cobb) cherche à quitter le territoire américain. Il choisit Tula, un patelin complètement isolé au milieu du désert californien, comme point de départ. Accompagné d'une petite armée d'hommes de main, le mafieux compte "privatiser" l'aérodrome local pendant quelques heures pour s'envoler tranquillement vers des cieux plus cléments. Originaire de la bourgade en question, l'avocat Ralph Anderson (Richard Widmark) est sommé de lui arranger le coup avec les autorités locales.
Celles-ci ne représentent qu'une poignées d'hommes menés par le shérif Lloyd Anderson et son fils Tippy (Earl Holliman), père et frère de Ralph. Voilà dix ans que ce dernier n'a pas remis les pieds chez lui, après avoir été chassé par son paternel suite à un vol de voiture, et envoyé en maison de redressement. Les retrouvailles familiales sont donc tendues, d'autant plus que son amour de jeunesse, la belle Linda (Tina Louise), est devenue l'épouse de son frère.
Face à la menace bien réelle que constitue la bande pour sa propre vie et celle de ses fils, le shérif accepte de détourner le regard, et fait évacuer ses plantons de l'aérodrome. Mais lorsque Tippy, appâté par la prime, décide de capturer le criminel coûte que coûte, Lloyd sort en pleine rue pour l'en empêcher. Croyant à une tentative d'arrestation, les mafieux ouvrent le feu : le paternel est tué. Présent aux côtés de Massonetti dans l'hôtel où ce dernier patientait avant d'aller prendre son avion, Ralph parvient à neutraliser le mafieux et à l'amener derrière les barreaux.
La confrontation se poursuit alors de façon verbale et mentale entre le prisonnier et les représentants de la loi. Les lignes téléphoniques ayant été coupées, ceux-ci n'ont d'autre choix que de le convoyer jusqu'à Barstow, à 120 miles de là. Les frères Anderson doivent composer avec leur propre inimitié, les tentatives de corruption de Massonetti, la prise en otage de Linda et les embuscades des mafieux, sans parler de l'écrasante chaleur du désert, au cours des deux journées de route qui les séparent de leur destination.
Très belle trouvaille que cette œuvre presque totalement oubliée de Norman Panama, sortie en 1959 ! En haut de l'affiche, Richard Widmark livre comme à son habitude une prestation inspirée et convaincante face à un Lee J. Cobb à l'aise en criminel détaché et sûr de lui, Earl Holliman en petit frère lâche et alcoolique et Tina Louise en épouse déprimée complétant sans trop de fausses notes ce quatuor. Nerveux, rythmé, Dans la Souricière offre durant une petite heure et demie une alternance efficace et plaisante dans les rapports de force entre les deux camps. Mais c'est surtout pour son atmosphère et ses décors que ce film vaut le coup d'œil : au milieu de nulle part, Tula est un vrai trou à rats minable, poussiéreux, presque hors du temps, étouffant sous une canicule infernale. Immense et hostile étendue d'une blancheur aveuglante, le désert de Mojave qui l'entoure fait figure de frontière infranchissable, voire de cercueil...
On retiendra aussi le sympathique mélange des genres, entre film de gangster, film de chasse à l'homme, et bien sûr western. Western, oui, mais moderne : avec son action contemporaine de sa réalisation, c'est-à-dire les années 1950, The Trap évoque immanquablement d'autres réussites du même style comme Un Homme est passé (John Sturges, 1955) et Tuez Charley Varrick (Don Siegel, 1973). En bref, un film efficace et visuellement très réussi.