Dans la tête de Charles Swan III par Le Blog Du Cinéma
On connait principalement Roman Coppola pour ses clips très french-touch, mises en image de Air ou Daft Punk. On a pu le remarquer récemment pour ses collaborations scénaristiques avec Wes Anderson, pour lesquelles il fut nominé aux oscars. Cependant, on a souvent tendance à oublier ses réalisations. Après CQ, sélectionné au festival de Cannes, le frère de Sofia nous livre ici Dans la Tête de Charles Swan III, traitement surréaliste d’une rupture amoureuse. Nous voilà donc projetés dans la tête d’un publicitaire vieillissant, libidineux et au cœur brisé, un esprit torturé, dont nous partagerons les visions et désillusions.
Fils de, plongé dans le monde du cinéma depuis sa plus tendre enfance, Roman Coppola à de l’expérience, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle est repérable. Chaque plan semble calculé, minuté et frappe le spectateur par sa justesse. On ne peut pas non plus reprocher au scénario d’être en manque d’idées, tant elles carambolent et se bousculent, faisant passer le film de la science fiction au clip de bossa nova en l’espace d’un instant. L’imagerie pop et séduisante, délicieusement vintage est un régal pour les yeux, tout comme Jason Schwartzman, dont le charisme fou illumine chaque scène ou il apparaît.
Charles Swan III se veut feel-good movie, et il l’est. Parodiant et utilisant les ressorts archaïques de la comédie dramatique, il enchaîne les gags, et la majorité font mouche. Les scènes de rêve – facilement la moitié du film – surprennent à chaque fois par leur totale déconstruction et individualité, un peu à la manière d’un film à sketches.
Et là est le problème. Voulant sans cesse garder l’attention de son spectateur en le projetant dans tous les sens, Roman Coppola néglige ce qui fait tout l’intérêt de ses collaborations, la narration. Les personnages, situations et émotions semblent vides, délaissés par une mise en scène anarchique. Comment prendre en pitié un personnage principal dont on ne sait que peu de chose? Véritable coquille vide, Charles Swan III (le personnage), peine à faire naître quelconque empathie, tant il semble prétexte aux yeux du spectateur. Prétexte pour enchaîner les situations cocasses et les séquences surréalistes. Pourquoi pas après tout, certains pointeront du doigt Holy Motors de Leos Carax, qui supprimait toute histoire tangible, mais si Carax livrait un film puissant et profond, Charles Swan III n’est rien d’autre qu’une belle coquille dramatiquement vide.
Si le casting et quelques idées évoquent Wes Anderson, on se rapproche plus ici de la parodie de que du clin d’oeil. Bill Murray semble avoir perdu en charisme depuis quelques années et Charlie Sheen dans le rôle principal est sans doute la pire erreur de casting de l’année, tant il semble crispé et figé.
Alors non, Dans la tête de Charles Swan III n’est pas un mauvais film. Amusant, distrayant, parfois même aventureux, il arrache rires et sourires avec une légèreté de tous les instants. Son défaut principal est son manque pur et simple d’intérêt. Si on sort le sourire au lèvres de la projection, rien ne nous reste en tête le lendemain, mis à part Jason Schartzman, dont je ne me lasserai jamais de vanter les mérites, tant il illumine chacune des œuvres ou il participe, malheureusement trop peu nombreuses.
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Auteur : Elias