Sacrée claque ! J'avais bien aimé "Grave" mais clairement le film de Julia Ducournau ne provoque pas le dixième de malaise que "Dans ma peau" procure.
Il est rare que cela arrive mais je me suis vraiment senti mal à l'aise en regardant ce personnage se manger elle-même. Parce que l'auteure n'en fait pas des caisses, qu'elle présente juste son personnage et ses situations le plus simplement possible mais va au plus loin et finit ainsi par mettre sur pied des séquences de 15 minutes durant lesquelles cette anti-héroïne va s'auto-mutiler (scène du repas professionnel). Le plus fascinant c'est qu'on ne sait pas dire si le plus effrayant est ce qu'elle fait ou ce qui lui passe par la tête, cette addiction à son propre corps, cet enfermement radical sur elle-même et cette exclusion totale du monde extérieur.
Et là en un film, je suis conquis et je n'ai qu'une envie, qu'on parle davantage de cette réalisatrice qui a clairement apporté sa grosse pierre à l'édifice du cinéma de genre français, mais aussi qu'on remette en circulation ses films, parce que quand je vois qu'elle a fait un petit poucet, je n'ai qu'une envie, le trouver et le dévorer. Tout comme j'ai envie de découvrir le reste de sa filmographie.
La mise en scène sent le budget très très serré. avec une image pas toujours très jolie. N'empêche qu'il y a un style crade qui correspond bien au ton du film. Le découpage est également assez réussi, même si je n'ai pas tout pigé (par exemple ces plans doubles en split screen qui servent au générique mais aussi à la séquence finale), en tous cas la réalisatrice parvient à nous immerger dans la folie de son personnage. Le montage est également bien rythmé, avec une durée totale qui fait plaisir. Les acteurs sont très très bons. Les effets spéciaux sont convaincants, on croirait vraiment qu'elle se mange... la séquence où elle retrouve des bouts de peau et chair dans un chiffon provoquent quelques frissons.
Bref, une sacrée claque que ce film.