The West Wind
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le 15 nov. 2019
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Quand je suis sorti du cinéma en 1990 avec mon pote, on n’a pas dit un mot. Silence complet. Comme si on était en deuil.
C’est un peu ça, Danse avec les Loups : la découverte d’un monde dont on fait le deuil. Le temps du film, John Dunbar (et à travers lui, le spectateur) rencontre les Indiens et plonge dans la culture sioux. Costner ne se contente pas de nous la montrer, il nous la fait ressentir, en filmant le bonheur d’être parmi eux. Ce n’est plus la vision simpliste du western classique, où les peuples autochtones sont souvent réduits à l’image de "sauvages". Ici, ils sont un peuple à part entière, avec leurs rites, leur humour, leur façon d’aimer et de voir le monde.
Dès l’ouverture, Costner dresse un contraste saisissant. Le film s’ouvre sur la guerre de Sécession, avec une scène magistrale où une tentative de suicide devient une opportunité d’attaque. Puis vient un officier à bout de nerfs, basculant dans la folie, tandis que Timmons, le muletier qui escorte Dunbar vers son poste isolé, incarne une autre facette du monde blanc : irrespectueux, vulgaire, incapable de voir la beauté qui l’entoure. Il abandonne ses déchets sur le trajet, souillant une nature majestueuse que le film célèbre à chaque plan.
Tout est dit, dès le début : la brutalité aveugle d’un monde qui avance sans conscience.
Puis vient la solitude. Une pause. Une remise en question. Dunbar, seul face à cette immensité, commence à changer. Petit à petit, il s’ouvre à ce nouveau monde dans lequel il s’immisce.
Ponctué de scènes intimistes (l’apprentissage de la langue sioux, la romance avec Dressée avec le Poing) comme de scènes d’action spectaculaires (la chasse aux bisons, l’attaque des Pawnees), le film nous plonge dans le quotidien des Indiens, entre sérénité et chaos.
Jusqu’à ce que tout bascule. L’intrusion soudaine de l’armée américaine, déchaînant à nouveau sa violence et son mépris.
C’est là toute la force du film : jouer sur le contraste entre la bonté du peuple sioux et l’aveuglement des colonisateurs.
Tous les acteurs jouent impeccablement, avec un Costner sobre mais juste. Et que dire de la photographie sublime de Dean Semler, qui magnifie chaque paysage, chaque coucher de soleil, dans un cinémascope 2.35 à couper le souffle, sur une musique superbe de John Barry.
Ce film ne se contente pas de raconter la rencontre entre un homme et un peuple. Il nous fait ressentir ce que l’Histoire a détruit. Danse avec les Loups n’est pas qu’un western, c’est un chant funèbre.
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il y a 4 jours
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