L'enfer, c'est lui même
Après s'être occupé du Douanier Rousseau, de Debussy, d'Elgar et d'Isadora Duncan, Ken Russell continue sa série de biopics iconoclastes en s'attaquant à Dante Gabriel Rossetti, éminent peintre...
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le 4 avr. 2024
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Après s'être occupé du Douanier Rousseau, de Debussy, d'Elgar et d'Isadora Duncan, Ken Russell continue sa série de biopics iconoclastes en s'attaquant à Dante Gabriel Rossetti, éminent peintre préraphaélite du XIXe siècle.
Comme pour les exemples sus-cités, nous serons assez loin du biopic classique reprenant étapes par étapes la vie de son sujet, mais plutôt face à un essai cinématographique dans lequel Ken Russell ne se refuse rien. Peu importe les détails et le cheminement de leur vie, l'important est la thématique qui les a rendues spéciales : la recherche désespérée du succès pour Elgar, l'incompréhension du génie par le public pour Rousseau, la poursuite d'un rève dans l'enfer de l'exil pour Duncan... Concernant Rossetti, c'est sur son histoire d'amour tumultueuse avec Elizabeth Siddal (autre peintre préraphaélite et modèle de ce fameux tableau) que se concentre toute l'attention dès l'introduction cauchemardesque du film. Relation un poil toxique - illustrée par le contraste entre le calme de la vie recluse d'Elizabeth et les images hallucinées qui composent celle de Dante - qui les mènent tous deux à un destin tragique : pour elle la mort, pour lui un enfer personnel peuplé des remords éternels de l'homme ayant trop cédé à ses pulsions. C'est de la description audacieuse de état mental que le film tirera sa force, Russell nous régalant de superbes scènes dont les plans ésotériques sont annonciateurs du génie qu'il saura déployer pour Les Diables, chef d'oeuvre cinématographique s'il en est.
Si ces images virtuoses sont indéniablement qualitatives, elles semblent toutefois bloquées par le carcan biographique de l'oeuvre, passée l'heure de visionnage, l'ensemble des moments de vie ayant trait au sujet principal ont été traités et on aurait envie de le voir aller encore plus loin dans cette direction visuelle, ce qui fait de certaines scènes des moments trop terre à terre dans une oeuvre que l'on aimerait voir s'élever toujours plus loin dans son caractère expérimental et transcendant.
Pour moi Dante's Inferno est un palier dans la carrière de Russell : on y trouve les fondations de ce que seront ses plus grands chefs d'oeuvres, il y crée pour la première fois les images marquant la rétine dont il aura le secret (Les Diables, Altered States) et bien qu'il se perde dans les éléments biographiques dans sa conclusion, il semble apprendre de cette leçon puisque ses biopics suivant seront toujours plus débridés et scandaleux (Mahler, Music Lovers, Lisztomania - ok ce dernier va un peu trop loin).
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le 4 avr. 2024
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