The Beastmaster se distingue de bon nombre de productions heroïc fantasy de l’époque, souvent encadrées par Roger Corman – pensons au nanardesque Sorceress (Jack Hill, 1982) avec ses deux sœurs athlétiques que l’on découvre entièrement nues au bain, au médiocre Deathstalker (James Sbardellati, 1983), au risible Wizards of the Lost Kingdom (Héctor Olivera) ou encore à Amazons (Alex Sessa, 1986) – par un budget confortable de neuf millions de dollars, là où les films précédemment cités en comptaient souvent dix-huit fois moins, confié à une équipe technique compétente. À sa tête, le réalisateur Don Coscarelli, révélé par le premier opus de ce qui allait devenir la saga Phantasm : nous retrouvons d’ailleurs un même soin porté à la mise en scène, aux mouvements amples de caméra qui traduisent parfaitement l’état d’esprit des personnages, captent les menaces et portent les enjeux d’un récit certes simpliste, avec en signature l’invention d’une arme volante qui n’est pas sans évoquer les boules d’acier phantasmatique parcourant les couloirs et étendues à toute vitesse.
Les touches humoristiques offrent au long métrage une autodérision nécessaire au regard de certains de ses plans risibles (la course du héros en pleine brousse aux côtés de la panthère noire, par exemple) ; elles ne viennent cependant jamais parasiter l’épique teinté d’horreur, comme lors de la séquence de destruction du village natal pendant laquelle les corps empalés dessinent un itinéraire de vengeance qui reviendra plusieurs fois, évoquant les charniers peints par Otto Dix. Les acteurs convainquent, qu’il s’agisse de Marc Singer réduit à sa musculature avantageuse, de Tanya Roberts aux faux airs d’Isabelle Adjani ou de Rip Torn, antagoniste de Phantasm ici habillé en mage sacrificateur. Un divertissement d’aventure sans temps morts et bien réalisé, porté par la partition musicale mémorable de Lee Holdridge.