Dark
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Film de Paul Schrader (2017)

C'est sûr que c'est pas la communauté de fans de Schrader qui va convaincre un studio de le laisser remonter son film convenablement. Car ce film n'est rien d'autre que la version se rapprochant le plus de la vision de base de l'auteur de "Dying of the light", et pour y arriver, Schrader n'a eu qu'une solution, acheter un DVD de son film et le remonter autant que possible avec l'aide d'un monteur et puis le mettre à disposition en torrent. C'est le genre de projet où pourtant j'aurais bien aimé voir la vision de base de l'artiste, bien plus que pour un film avec des mannequins qui ont un goût vestimentaire douteux et dont les fans hardcore fiers d'avoir fait bouger les choses ont l'air d'avoir du pop corn à la place du cerveau.

Bon, je ne me souviens plus assez de la version cinéma pour constater les différences ; il me semble que les moments granuleux pour intensifier le déraillement interne du personnage sont des ajouts dans cette version, mais je n'en suis pas sûr.


Le projet est intéressant en tous cas, un homme qui veut résoudre une dernière affaire avant de perdre la boule pour la simple et bonne raison que c'est la mission d'un agent américain et qu'aux USA on ne laisse pas les méchants s'en tirer comme ça. Je pense que Schrader aurait pu être beaucoup plus sombre que cela, car bizarrement, il a l'air de tenir l'Amérique certes comme étant un peu pourrie, mais il croit en ces idéaux et ne joue pas assez avec ce qu'il implique de vouloir ABSOLUMENT, par TOUS LES MOYENS résoudre une affaire. Ainsi, le héros ne franchit jamais vraiment la limite, n'atteint jamais le point de non retour. Quant à sa perte de lucidité, de mémoire et tout le tralala, bah ça ne l'affecte que quand l'auteur le veut bien, le final est sympa mais clairement on ne profite pas assez des absences ou des envolées colériques du personnage, et souvent elles n'ont que peu de conséquences. Si bien que le film est assez mou pendant sa première moitié durant laquelle on se demande pourquoi ça traîne autant, les conflits étant faibles et les explications inutilement longues (on a vite compris en fait). De tout cela, il résulte que ce film de 1h15 donne l'impression de durer au moins 30 minutes de plus. Heureusement il reste des passages assez intéressants pour garder le spectateur en éveil.


La mise en scène sent le fauché ; Schrader filme plus sobrement, ne tombe pas dans le maniérisme de ses derniers films, ce qui fonctionne mieux avec les inserts expérimentaux qui ne sont pas sans rappeler le Bad Lieutenant de Herzog dans lequel officiait un Cage déconnecté de la réalité à cause des drogues ingurgitées afin de soigner son mal de dos, sauf qu'ici, l'image est plus retravaillée, notamment avec un jeu de pixel, comme pour créer un lien entre les ordinateurs qui plantent et le cerveau qui tire sa révérence. De plus, Cage a l'occasion de faire son Cage et de péter des plombes. Par contre, Schrader n'échappe au Z de certaines situations, quand on retrouve Cage sur un banc, dehors, dans le froid, suite à une crise d'anxiété, un moment dramatique donc, mais dont l'effet est désamorcé par la simple présence d'un bonnet russe sur la tête de Cage, un artifice plus comique que sérieux qui décrédibilise la scène. Anton ne joue pas super bien dans ce film, pourtant on ne peut pas dire qu'il n'était pas à fond il a participé à la campagne de soutien quand le réalisateur s'est vu dépossédé des droits de son film par ses producteurs.


Bref, pas un film inintéressant, de mes quelques souvenirs, j'ai effectivement l'impression que Schrader mise plus sur le personnage que l'intrigue au contraire de la version cinéma, mais au final, les deux versions se valent, on va dire qu'elles sont les deux faces d'une même pièce. M'enfin bon, je préfère ce genre de Director's cut plutôt que ces conneries de Snyder Cut où les nouvelles versions sont surtout des caprices de stars...

Fatpooper
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le 17 sept. 2024

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