Je ne pensais pas qu'un second visionnage de Dark City m'aurait laissé aussi douloureusement interdit. Je pleure les souvenirs d'un film SF bien pensé, d'une ambiance polar angoissante, d'une Jennifer Connelly magnifique en chanteuse jazz de cabarets sombres, de ces élans Matrixiens avant l'heure, et donc plus plus complice au spectateur. Une peur que tout cela ait basculé dans le kitsch, mais une confiance en mes bons goûts éternels et invariables qui témgoigneraient donc soi-disant que je, ne changeant pas, je suis un con. Un con peut-être, mais un con de goût, Monsieur.


Autant le dire tout de suite : le mélange S.F. / Polar peut plus ou moins bien fonctionner selon la scène et l'interaction entre les deux univers. Certains passages que je pensais devenus kitsch ont finalement toujours aussi bien passé, et j'ai même eu un instant de frisson lorsqu'on nous dévoile l'entièreté de cette ville flottante dans les ténèbres de l'espace. Malheureusement, quelques éléments kitschs se pressent à nous sortir de l'histoire et je peine à comprendre pourquoi une race en voie d'extinction joue à déplacer les humains d'une vie à l'autre ; n'a-t-elle donc pas d'urgences plus pressantes ? Finalement le film est sur la limite, mais passons, car si il glisse, il ne manque jamais de se raccrocher à son fil, si fin soit-il.


Par contre, ma véritable déception, dont je n'avais pourtant aucun souvenir, vient du montage sur-caféiné, intenable, qui ne se calme que dans ses moments les plus faibles. Dans cet énorme mélange de plans durant rarement plus de deux secondes, la mise en scène est finalement catastrophique : les champ-contre-champ ultra-cut suivant bêtement chaque réplique, les décors filmés à la -va-vite, sans grand travelling qui nous ferait voyager dans un univers que l'on souhaiterait pourtant connaître, bref, c'est le bordel.
Le film semble complètement ignorer les possibilités du hors champ : il nous montre tout, et pusqu''il a beaucoup à montrer, il coupe tout, ne s'attarde sur rien, si ce n'est sur un combat télépathique qui jure avec l'ambiance et l'image du reste du film.
La grande déception est intervenue à la scène d'introduction de Jennifer Connelly, magnifiée par l'éclairage comme par l'ambiance de cabaret usée, qui a l'indécence de la couper en pleine prestation ! Après cette scène de quelques secondes à peine (car il y a du cuir à filmer ailleurs), Jennifer semble éteinte, à suivre à la lettre un scénario beaucoup trop rapide pour toute imprégnation sincère, ce qui porte un préjudice tout à fait scandaleux envers le genre polar exploité.


Bref, me voilà penaud face à un film que j'avais aimé, qui comporte son lot de faiblesses qui seraient tout à fait pardonnables si il ne se sabotait pas lui-même en passant son montage au hachoir.

LeCactus
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le 22 févr. 2017

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LeCactus

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