creuser un trou dans un arbre pour y murmurer ma critique
Je découvre Wong Kar Wai avec ce film. Sa méthode de travail particulière m'a intrigué : l'homme tourne des scènes, au hasard paraît-il, puis les complètent par la suite pour en faire un film. Une méthode originale dont le créateur m'interpellait. Je commence donc avec ce "in the mood for love" et je pense que je suis mal tombé.
Je dois dire que les premières minutes m'ont enchanté. Le cadre intimiste mis en valeur avec originalité apporte déjà la nostalgie d'un cinéma d'époque ; en plus, lorsqu'on sait apprécier le cinéma asiatique, on est dans le mille. On suit avec plaisir les premières ébauches de nos protagonistes et on baigne dans la poésie plutôt sobre de la mise en scène.
Et l'ensemble du film est ainsi. Une beauté tirée de décors pourtant sobres et très bétonnés (la majorité se passe en intérieur, un intérieur soit pauvre, soit de bureau). Néanmoins, on contemple les rares couleurs qui, elles sortent du lot (les robes, qui s'accordent toujours avec les décors entourant tels que les rideaux rouges, plan qui a su se graver dans mon subconscient).
Pour le scénario, on se joue aussi d'une certaine finesse poétique : deux voisins dont la relation à la fois noueuse et platonique sera éconduite de non-dits, de beaux mystères encombrés d'approches interdites. Les personnages se perdent, ne savent pas où tout cela va les mener, et cela déteint sur le spectateur. Je trouve cette structure très intéressante et sympathique, mais aussi très déroutante. Et cette déroute me pousse alors à m'égarer dans les fils du film que le film lui-même. Résultat, le film paraît soudainement long.
Mais cet élément n'est sans doute pas la raison principale de cette longueur. Le problème, et c'est pour cela que je pense être mal tombé, c'est que j'ai beaucoup de mal à m'attacher à cette histoire d'amour compliquée. Le débouché de l'intrigue ne m'intéresse pas ; savoir si les protagonistes parviennent à surpasser leurs frontières ou non me laisse froid. Pourquoi vivre simplement lorsqu'on peut se compliquer la vie ?
Néanmoins, le travail de mise en scène de Wong Kar Wai m'a persuadé à en découvrir plus, ici la faute étant le risque de ne pas retenir un public qui se moque de ce type d'intrigue amoureuse. C'est donc avec envie que je vais me diriger vers 2046, en espérant qu'il me paraîtra moins long et saura m'immerger.