Insidious version science-fiction.

Grâce (ou à cause, cela dépend des avis) à Paranormal Activity, les nouveaux films d’épouvantes voient maintenant leurs affiches affublées de l’annonce « Par les producteurs/créateurs de Paranormal Activity et Insidious ». Oui, il suffit d’un succès pour se permettre d’attirer le spectateur de la sorte, sans franchement garantir la qualité du film (bien qu’Insidious peut se révéler être un modèle du genre question efficacité). Et comme si cela ne suffisait pas, le 26 juin se voit offrir deux films de cet acabit : The Bay et Dark Skies. C’est ce dernier que nous allons voir ici. Film d’épouvante qui, comme l’indique l’accroche, promet du nouveau !

Originalité à l’horizon ? Eh bien, quand on lit le synopsis, difficile de voir en quoi ce Dark Skies se démarque de ses aînés. Pour vous le prouver : une famille américaine voit son existence bouleversée par d’étranges phénomènes se produisant de nuit (genre frigo vidé et provisions éparpillés, entassement de boîtes pour formant un symbole au plafond, personnes partiellement possédées…). À partir de cela, on sent à plein nez les événements de Paranormal Activity et d’Insidious. Sans compter les énièmes versions de L’Exorciste. Alors, quelle est donc cette nouveauté tant annoncée ? Cela se résume en un seul mot : extraterrestre ! Oui, vous avez bien lu ! Au lieu de flirter avec le fantastique et le paranormal, Dark Skies se présente comme un produit de science-fiction. Vraiment ? Difficile à croire, tellement cette revendication s’avère prétentieuse. Et pour cause, Dark Skies annonce son originalité face aux autres films parce qu’il met en valeur des extraterrestres. Alors que dès les premières minutes, c’est exactement le même scénario que ses prédécesseurs ! Un véritable copié-collé sans imagination qui ose reprendre l’éternelle (et énervante) porte qui claque et autres effets mille fois vus, sans jamais se risquer dans des phénomènes qui sortent de l’ordinaire (bon, il y a bien l’assaut d’une nuée d’oiseaux, mais bon…). Pire, c’est Insidious qui saute aux yeux ! Où ici, le démon est remplacé par un trio de martiens qui tentent d’enlever un enfant (eh oui, le paranormal entoure, comme par hasard, ce dernier). « Le producteur de Paranormal Activity et Insidious se lance dans un nouveau genre » ? J’ai une autre accroche à proposer : « Foutage de gueule » !

Et puis, revendiquer cette fausse originalité n’a pas empêché les scénaristes de Dark Skies de reprendre les nombreux défauts des films du même genre. À savoir des personnages assez crétins (pourquoi attendre le pire pour déménager, franchement ??), la lourde scène où un personnage « vétéran » se livre à des explications, des répliques qui ne marchent pas (depuis quand un ado traite une fille de « sale petite polissonne » ??), des situations hautement prévisibles… Sans oublier l’ensemble, qui se montre illogique. En effet, si, pour un démon, de tels phénomènes paranormaux se produisent pour faire peur, alors pourquoi des extraterrestres en feraient autant juste pour enlever un gosse ? Du coup, Dark Skies se montre peu crédible et carrément ridicule sur tous les bords.

Quant au côté angoissant de l’ensemble, c’est carrément loupé ! Je parlais de situations prévisibles, eh bien, j’étais vraiment loin du compte ! À copier ses semblables, Dark Skies perd énormément en suspense. Et ce n’est pas le gonflant principe de faire peur en mettant la musique aussi sec à fond qui changera quoi que ce soit ! Encore faut-il que le montage soit réussi mais même là, le film se foire. Un exemple : une scène qui doit faire peur, où une main saisit soudainement le dos de l’héroïne, volume au max. Quant on veut faire peur avec une telle scène, il est conseiller de faire démarrer la musique avant que la main en question apparaisse à l’écran, pas après. Erreur de débutant qui en dit bien long sur la qualité de l’ensemble ! Bon, j’avoue, le final se montre plutôt efficace (d’où la note que j’attribue à Dark Skies). Mais voir 8 minutes prenantes d’un film durant 1h36 (démarrant vers 1h26), je dis non !

Et enfin, côté acteur, ce n’est pas non plus impressionnant. Autant le dire tout de suite : seul J.K. Simmons (le Jonah Jameson de la trilogie Spider-Man) s’en sort honorablement, sans vraiment se défouler. Sinon, Keri Russell n’a clairement pas sa place dans un tel film, Josh Hamilton rame, Dakota Goyo est bien loin de sa décontraction dans Real Steel, et Kadan Rockett n’est jamais crédible (un visage impassible que son personnage dit qu’il est effrayé…).

Prévisible au possible, accumulant les défauts de ses modèles, pas original pour un sou et prouvant pourtant le contraire… Dark Skies prouve que le cinéma d’épouvante n’a plus aucun charme du tout. Il montre même que ses « créateurs » sont tellement fainéants de chercher des nouveautés alors que ce genre en manque énormément. Et à voir le final de Dark Skies, il est préférable que cela ne continue pas par le biais d’une suite qui serait franchement dispensable et inutile (un constat qui s’applique à tous les films d’horreur, à commencer par Paranormal Activity).