Tout commence bien avec ce petit film d'horreur / SF ayant réuni tout de même 150 000 entrées en France l'été dernier. L'image est plutôt soignée, les acteurs pas trop mauvais et le début du film assez intrigant. Soit l'éternelle famille dans une maison où les choses se dérèglent peu à peu, jusqu'au cauchemar absolu. Difficile de faire moins original mais en même temps c'est aussi un peu le genre qui le veut.

Cependant, il y a quelques détails qui font que j'aime bien le film durant ses deux tiers disons. L'élément de crise dans la famille (certes, un cliché inévitable), vient ici de la situation financière précaire, donc de la crise financière et de ses conséquences. Récemment, l'excellent Take Shelter usait également cet argument pour construire une intrigue rationnelle parallèle à sa grande fresque paranoïaque. Ici on devine une intention similaire mais le résultat n'est pas aussi bon qu'escompté. Tout de même c'est plutôt intelligent de voir ce père galérer à subvenir aux besoins de sa famille où la perte d'un emploi est synonyme de catastrophe immédiate. Ceci dit, le film, une fois son basculement dans le fantastique définitivement acté, semble oublier ce détail et l'argent surgit de nulle part pour payer caméras et autres frais auxquels le couple à recours dans sa tentative de se protéger des envahisseurs.

Parlons maintenant du sujet principal du film : la source de son fantastique. Ici donc, des extra terrestres, les "Gris", qui choisissent au hasard une famille pour en faire des objets d'études avant d'en enlever un spécimen. La première partie du film, qui ausculte les premiers dérèglements et les conséquences que cela a sur la famille, est réussie. Le fantastique reste discret, mystérieux. Sculptures dans la cuisine, alarme qui se déclenche sans raison, enfants puis adultes sujets à des crises étranges. Et puis, malheureusement, le film retombe lourdement dans les clichés les plus éculés du genre : la mère qui cherche (et trouve!) sur internet la raison de ses malheurs, le duel qui s'ensuit avec le père incrédule, etc. Il aurait fallu plus de radicalité, plus de mystère, d'inexplicable, rendre les personnages littéralement fous, épuisés, désarmés avant de déchaîner comme le film le fait à la fin les forces en présence. Le personnage du vieux scientifique qui sait tout sur le sujet est un lieu commun de plus et si quelques scènes continuent de fonctionner (les ombres sur les caméras, les premières apparitions discrètes des Gris), on reste en terrain bien trop balisé.

De plus, la musique est assez irritante malheureusement et puis le film bascule brusquement dans le grand n'importe quoi, ratant totalement la transition de ses personnages vers un état de santé mentale plus qu'incertain. Là où Take Shelter triomphait dans des séquences absolument imprévisibles et non élucidées dans un crescendo bluffant, on se retrouve dans ce Dark Skies face à un pastiche involontaire ou un hommage trop appuyé à Kubrick. La séquence finale étant en effet une sorte de somme de Shining (musique comprise) et de 2001, avec un soupçon du Encounters of the third kind de Spielberg. De telles références sont certes nobles, mais pas vraiment à leur place en guise de climax du film, qu'un léger twist à la fin de ladite séquence vient rendre un poil plus original. Quant à la toute fin, elle déçoit tout en ne fermant évidemment pas tout à fait la porte à un éventuel préquel totalement superflu.

C'est fort dommage, parce que le film avait du potentiel, mais peu de cinéastes semblent intégrer qu'à moins d'être vraiment balaises et/ou originaux (mettons Under the skin par exemple, ou même James Wan que j'apprécie beaucoup), dans le genre de l'horreur et du fantastique, la suggestion est souvent de loin préférable au spectacle.

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le 30 juil. 2014

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Krokodebil

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