Enfance perdue.
J'étais sorti enthousiaste du premier long-métrage de Marina de Van, "Dans ma peau", mais franchement perplexe face au second, "Ne te retourne pas", pas vraiment enchanté de m'être payé Sophie...
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le 1 mars 2015
8 j'aime
Quand on parle d'horreur ou fantastique à la française à l'heure actuelle, on a tendance à citer rapidement Julia Ducournau. Mais ce serait vite oublier le cas Marina de Van, autre diplômée de la Femis passée à la réalisation. Ancienne collaboratrice de François Ozon (notamment sur Sous le sable et Huit femmes), elle a ensuite signé trois long-métrages. Dans ma peau (2002) parlait de l'autodestruction d'une jeune femme, après s'être aperçue qu'elle n'avait pas ressenti la blessure qu'elle venait de se faire. Ne te retourne pas (2009) était un projet plus ambitieux, nécessitant des effets de morphing et autant dire que le succès comme l'accueil n'ont pas été au rendez-vous (182 000 entrées pour 11 millions d'euros de budget).
Pour Dark Touch, elle revenait à une production plus modeste tournée entre l'Irlande (pour les extérieurs) et la Suède (pour les intérieurs) et en anglais. La principale raison est que la DDASS française ne l'a pas autorisé à tourner avec des enfants. Ce qui n'étonnera aucune personne ayant vu Dark Touch, puisque le sujet même de ce film d'horreur est la maltraitance des enfants, leur manière de gérer la situation et accessoirement d'y répondre. Néanmoins, De Van a évoqué à Paris Match que le tournage avec les enfants s'était bien passé et que la projection du film n'avait pas posé de problèmes à leurs parents (*).
Dark Touch tape rapidement là où cela fait mal. On nous suggère très rapidement que la petite (Missy Keating) est victime d'actes de pédophilie et autres violences venant de ses parents (Richard Dormer et Catherine Walker). Les amis de la famille (Marcella Plunkett et Padraic Delaney) vont vite comprendre le problème suite à un acte manqué : en frappant la petite en pleine crise, cette dernière en vient à lever sa robe par réflexe.
La petite pense dans un premier temps que les objets s'animent tout seul, mais elle comprend vite qu'ils réagissent en fonction de ses émotions et notamment comme un moyen de défense (au même titre que Carrie). Un aspect qu'elle va progressivement contrôler jusqu'à amener son lot de destructions et de fureur. Car si les actes de pédophilie ne sont heureusement pas montré, mais suggérés par des plans et dialogues spécifiques, la violence du film se révèle assez crue et graphique.
Marina de Van ne fait aucun cadeau aux personnages adultes comme jeunes, les confrontant à leur propre violence. Si l'héroïne est une victime, elle peut rapidement devenir le bourreau et met un point d'orgue à s'en prendre à ceux qui lui veulent du mal ou font du mal. Les enfants ne se tapent pas ensemble, mais s'insultent et ne se rendent pas compte de la violence qu'ils emploient (cf la séquence des poupées). Les enfants maltraités par les parents le sont aussi des autres enfants en fin de compte et la vengeance sera fracassante. De même, les parents autour ne sont pas plus propres sur eux, prenant leur distance au lieu d'aider des enfants, faisant mine de ne pas voir ou de découvrir le problème. Il n'y a que le couple de l'école (Charlotte Flyvholm et Steve Wall) qui semble vouloir vraiment aider l'héroïne et la comprendre.
On peut toutefois reprocher plusieurs choses au film. Le jeu des acteurs adultes est très variant, là où celui des enfants est impeccable. La photographie de John Conroy est également trop sombre selon les moments, ce qui est d'autant plus problématique pour un film se déroulant très souvent la nuit. En revanche, les effets-spéciaux sont réussis et parviennent à créer des images indélébiles, d'autant plus qu'ils ont été fait à même le tournage.
Dark Touch reste tout de même un sacré essai de fantastique, n'ayant jamais peur d'aller dans le graphique et de parler de sujets tabous. Il est d'autant plus dommage que Marina de Van soit aussi rare.
* Voir https://www.parismatch.com/Culture/Cinema/La-Dark-Touch-de-Marina-de-Van-555346
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Créée
le 28 janv. 2023
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