Fort Boyard est diffusé en France depuis 1990 et a connu plus d'une version étrangère. La particularité du jeu est que le fort est un décor unique pour chaque version, monument historique situé dans l'archipel charentais. Mais avant d'être bien connu des fans du jeu télévisé, le Fort Boyard avait été un des terrains de jeu du film de Robert Enrico. Un décor qui sert en partie pour un climax de qualité, règlement de compte explosif et très bien réalisé malgré des conditions climatiques visiblement compliquées. Le fort apparaît d'ailleurs comme un décor intéressant, vestige d'une autre époque et dont le délabrement partiel (on est loin du beau fort du jeu) lui donne un certain charme.
Mais Les aventuriers ne se résume pas qu'à ses scènes dans le fameux fort. C'est avant tout l'histoire de personnages sympathiques qui n'ont pas de chance. Robert Enrico a la bonne idée de rester longtemps sur la présentation des personnages avant de passer à la phase aventurière. On suit alors Alain Delon aviateur victime d'une arnaque, Lino Ventura inventeur d'une voiture de course qui lui a explosé en pleine figure et Joanna Shimkus artiste dont l'exposition vient de se solder par un échec.
Les personnages apparaissent d'office comme attachants, petits qui essayent de vivre de leurs passions et sont confrontés à la dure réalité. Il y aura des moments de joie, des réussites même parfois, mais il se dégage du film une certaine tristesse dans les échecs des personnages. Les aventuriers apparaît donc rapidement comme un drame avec un peu d'aventure et d'action plutôt qu'un film d'aventure pur et dur, ce qui le distingue de L'homme de Rio (Philippe de Broca, 1964) par exemple.
D'autant que le film nage dans un certain pessimisme, ne laissant que peu d'espoir à ses héros dans son dernier acte. L'attachement aux personnages s'impose également comme une grande qualité du film, Delon, Ventura et Shimkus semblant en osmose tout du long.
Les aventuriers s'impose donc comme un film touchant et mélancolique, sachant être fun durant certaines scènes spécifiques. Pour les curieux, la seconde partie du roman éponyme de José Giovanni a été adapté par ce dernier avec La loi du survivant (1967).