Suite et fin

Tourné dos à dos avec Darkman II pour un budget total de 7M$US pour l’ensemble des deux films, Darkman III était initialement prévu pour être Darkman II. En raison des engagements antérieurs de Larry Drake (qui incarne le méchant dans le 1er film), la suite dans laquelle il devait apparaitre devait être tournée en dernier et The Return of Durant devait donc être le troisième film de la saga. Darkman III devait donc à l’origine être le 2 et Darkman II devait être le III. Finalement, il a été décider d’intervertir les sorties, de modifier les numéros en conséquence, ce qui explique sans que doute que dans Darkman III, les recherches sur la peau synthétique semblent moins avancées que dans Darkman II alors que tout porterait à croire qu’il se situerait chronologiquement après. Bref, tout cela est compliqué pour pas grand-chose alors nous allons en revenir au film en lui-même. Darkman premier du nom était un excellent divertissement. Darkman II : The Return of Durant était une grosse déception et au final un film assez médiocre. Où se situe Darkman III : Die Darkman die ? Eh bien entre les deux. A aucun moment on n’arrive à la cheville du premier, mais c’est plus réussi que le deux (ce qui n’était pas très dur au final).

Ce coup-ci, Darkman a un tout nouvel adversaire qu’on n’a pas ressuscité d’un film précédent : un méchant trafiquant de drogue très très méchant que même il trompe sa femme et s’en fout de sa fillette de 10 ans. Son plan pour conquérir le marché des stéroïdes ? Etudier le Darkman pour comprendre pourquoi il est si fort, et injecter ce qu’il aura trouvé dans de la drogue. Ainsi, les voyous n’auront plus besoin d’armes à feu car ils seront bien plus efficaces avec leurs poings. Alors, ce n’est pas nickel ça comme plan de conquête de l’univers financier underground ? La formule est de nouveau la même : Darkman va continuer de se créer de nouveaux visages pour arriver à ses fins et lutter contre des méchants très méchants qui mouahahaha veulent dominer la ville et, pourquoi pas, le pays. L’originalité n’est toujours pas de mise mais néanmoins, Darkman III fait preuve d’une plus grande efficacité que son prédécesseur et surtout d’un peu plus de folie qui le rapproche bien plus du film de Raimi que de Darmkan 2. Ce 3ème film va s’attarder un peu plus sur la psychologie du Darkman qui, depuis ce qui lui est arrivé, est un peu perdu sentimentalement, n’hésitant pas à s’attacher ici à la femme et la fille de son ennemi et à se mettre en danger pour de nouveau ressentir certaines émotions. Certaines idées sont très intéressantes, jouant sur le côté monstre de Darkman qui reste malgré tout un être humain avec un besoin d’aimer et d’être aimé, mais qui au final va faire un sacrifice désintéressé et accepter sa condition de monstre. C’est surtout à ce niveau-là que ce 3ème film surpasse son prédécesseur, il y a ici bien plus d’humanité et de sentiments que dans le 2ème film. L’ensemble est mieux rythmé, avec des péripéties plus intéressantes, des moments un peu plus recherchés (les scènes de « substitution »), et c’est à signaler tant Darkman II se ratait en essayant de prolonger l’aventure du premier en refaisant à quelques choses près la même chose. Darkman III est bien plus indépendant, avec ses personnages à lui, ses péripéties à lui.

Toujours Bradford May à la barre, mais on a l’impression que des efforts supplémentaires ont été fournis ici. Darkman III est bien plus cinématographique que son prédécesseur avec un réalisateur qui s’essaye à des points de vue à la Raimi et à des moments où le personnage de Darkman sort de l’obscurité de façon bien plus « spectaculaire » (notez malgré tout les guillemets). Certes, on sent parfois les limites du budget et on n’atteint pas le niveau des scènes d’action du film original, mais il y a clairement du mieux. Cela reste malgré tout un peu fade, mais on notera malgré tout les efforts pour revenir à ce qui donnait du piment à celles du premier film, avec un minimum de recherche dans les cadrages et pas simplement filmer ça en mode pilote automatique comme dans le 2. Au niveau du casting, Arnold Vosloo reprend le rôle de Darkman et est dans la continuité du film précédent, correct mais un peu trop figé pour réellement faire ressortir les émotions. En même temps, lorsqu’il laisse par exemple exprimer la joie de son personnage le temps d’une scène, on se dit que ce n’est pas plus mal car son jeu n’est clairement pas le point fort du film. Jeff Fehey (Le Cobaye, la série Lost) apporte pas mal de style à son personnage que très rapidement on aime détester tant il semble être néfaste à tout ce qu’il touche. Par contre, à l’instar de Darkman II, il y a de nouveau ici d’énormes incohérences. Pourquoi laisser le Darkman en vie une fois que les méchants ont eu ce qu’ils voulaient de lui ? Pourquoi, alors qu’ils ont trouvé son repaire, ne le font-ils pas exploser ? Ils ne seraient pas un peu cons ces méchants ? Ou par exemple, on nous annonce d’entrée de jeu que le Crime a un nouvel ennemi, Darkman donc, sauf qu’il emmerde juste les criminels pour leur faucher leur argent pour l’utiliser lui, pour pouvoir continuer son travail sur de la peau synthétique, mais en aucun cas pour être un justicier et défendre la ville. Bref, du bon et du moins bon dans ce Darkman III qui, même s’il augmente un peu le niveau, reste une bobine tout juste sympathique.

Ce dernier volet de la saga prend une meilleure tournure en ajoutant un peu plus de sentiments à son histoire. Il est loin d’égaler Darkman de Sam Raimi, mais il surpasse Darkman 2ème du nom sans aucun souci.

Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-darkman-iii-die-darkman-die-de-bradford-may-1996/