Les hommes, avec Julie, crisent-ils ?

Film étrange reflétant une époque qui ne l'était pas moins.

Le pitch ? (pour utiliser un laid anglicisme à la consonance briochère)
Le portrait d'une jeune anglaise mignonne à croquer (non non, ce n'est pas un rôle de composition, Julie Christie EST en 1965 une jeune anglaise mignonne à croquer) qui, de rencontres en rencontres, de mariage léger en mariage intéressé va gravir les échelles d'une société frivole et en perte de repère, pour se rendre compte qu'a force de mépriser l'autre on se retrouve désespérément seul.

Témoignage et critique à la fois, ce film amer et léger propose quelques moments forts.
Ainsi donc, on apprend que les français sont de sacrés cochons puisque pour passer un moment de débauche mondaine en 65, direction Paris ! C'est limite dégoutant.
De même, les détails de la vie quotidienne du swinging London qui s'annonce sont traités avec un réalisme assez tranchant, qui n'ont pas manqué de faire débat à l'époque: sexualité ouverte et libre (tout en reconnaissant "ne pas aimer le sexe plus que ça", on est vraiment devant une utilisation de l'acte sexuel comme d'un outil, ou d'une arme), avortement, homosexualité, tout est présenté sous un jour d'autant plus cru que sans tabous mais aussi sans enjolivement.

Les rôles masculins sont superbement servis, Dirk Bogarde pénétré, amoureux triste et distancié ou Laurence Harvey, dandy fantasque et hyper maniaque encadrent à merveille une Julie Christie étourdissante, dont le rôle lui rapportera un oscar (faudrait quand même pas croire que tout ne reposait que sur son physique ensorcelant !)

La réalisation de John Schlesinger est raccord avec le propos, oscillant entre plan d'un extrême classicisme et modernisme osé mais intelligent (un modernité dans le forme que l'on retrouve dans le montage, souvent). Après cette deuxième collaboration avec Julie Chrstie, il traversera l'Atlantique pour un autre film très remarqué de ses contemporains, Macadam Cowboy.

Impossible de ne pas dire un mot de la très belle musique de John Dankworth, que Quantiflex, grand amateur de bonnes B.O. devant l'éternel, avait eu le bon goût de mettre en avant. Je profite de cette page pour le remercier ici chaudement.

Au final, le film repose beaucoup, tout de même, sur les gracieuses épaules de Julie Christie. D'où, à un moment, la nuisette glisse. Et rien que pour ça...
guyness

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