Bonbon bobo

Pour ce film, 30% d'univers décalé et authentiquement riche pour l'imaginaire (la bonne image que l'on garde de Gondry, qui n'a hélas plus rien de frais ou de novateur) et 70% de guimauve pour bobo sensée rendre le film "attachant" et "sympathique" avec sa légèreté et sa "fraîcheur". On sent le côté bricolage importé de toute cette génération qui se délecte des clips de OK GO (par ailleurs remarquables pour les travaux qu'ils exigent) et qui ouvre un nouvel onglet pour checker les derniers sketchs de Suricate. Tout dans ce film est fait pour cibler les 20-40 ans qui surfent sur le net à la recherche d'objets mignons et décalés. Seulement, tout est si ouvertement léger, si visiblement gentil, si abruptement bricolé que le résultat se révèle fade au possible. D'ailleurs, les décors de ce labyrinthe ressemblent à une pâle copie de Writings on the walls, jamais la sensation de surcharge recherchée ne viendra faire croire à un foisonnement, un Svankmajer façon Jabberwocky le bat à plate couture avec 40 ans d'avance. Et pour les personnages, ils sont une torture sans nom. Toujours lourdingue tant leur humour est subtil, tant leur légèreté est calculée pour nuancer le bourrinage sans jamais faire d'effort d'écriture. La quasi-totalité des vannes tombe à plat tellement la légèreté anesthésie toute implication du spectateur (quand il ne s'agit pas de recyclage de vannes pour enfants, remises dans un univers d'adultes qui ont tous fumé des pétales de roses. Tout est si désespérément léger qu'on traverse le film sans rien éprouver, avec un modeste émerveillement sans cesse tiré vers le bas par ses personnages si ouvertement bobo. Un vrais gâchis avec un concept pourtant si riche et prometteur, mais bon, on ne se fait pas de soucis, il sera probablement amorti via internet. Dans le cas où certains rechercheraient de la bonne came dans ce même rayon, allez creuser du côté de Svankmajer et Karel Zeman, ainsi qu'auprès du tchèque Kooky.