Bethsabée au bain
Un peplum assez classique mais avec une fin inspirée, quand David joue de la harpe en disant un psaume puis se dirige vers le tabernacle.
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le 10 janv. 2023
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La Bible, et notamment l'Ancien Testament, regorge d'histoires toutes plus excitantes les unes que les autres, de batailles épiques, d'aventures palpitantes et de voyages extraordinaires qui constituent un terreau fertile pour le cinéma. Mais, plus qu'aucun autre sans doute, le Livre contient aussi son lot de drames psychologiques, de conflits de volonté et de questionnements sur la relation entre l'humain et le divin. Réalisé en 1951 par le vétéran Henry King, David et Bethsabée appartient clairement à la deuxième catégorie, et on ne s'étonnera donc pas de ne pas y trouver de grande scène spectaculaire, type la course de chars dans Ben-Hur ou l'incendie de Rome dans Quo Vadis.
C'est d'ailleurs ce dernier film qui est à l'origine de celui-ci. Fin 1949, suite au succès du Samson et Dalila de Cecil B. DeMille, la MGM met en chantier le colossal tournage de son péplum, qui sortira en novembre 1951. En réaction, le patron de la 20th Century-Fox, Darryl F. Zanuck, commande au chevronné scénariste Philip Dunne son propre péplum. Moins ambitieux, moins coûteux et moins long à produire, David et Bethsabée sort quelques mois plus tôt, en août.
Pour cette évocation de la vie du mythique roi d'Israël, Henry King retrouve deux de ses acteurs fétiches : Gregory Peck interprète David, et Susan Hayward son épouse Bethsabée. Pourtant bien fourni en scènes d'extérieur, en costumes chatoyants et en décors fastueux, le film montre d'entrée de jeu qu'il ne cèdera pas à la surenchère du spectaculaire. Pas de bataille rangée ni de chevauchée effrénée, on a ici à faire à une poignante tragédie centrée sur la personne du roi. Celui-ci, auréolé du prestige de sa victoire face au géant Goliath lorsqu'il était enfant et de son élection divine à la succession de Saül, est présenté comme un monarque sage et juste, respectueux de la loi divine. Mais le jour où il s'éprend de Bethsabée, l'épouse d'un de ses généraux, David commence à enfreindre les commandements renfermés dans l'Arche d'Alliance, qu'on vient d'apporter à Jérusalem. Tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, tu ne commettras pas d'adultère, tu ne tueras point : raté ! Et c'est d'autant plus grave qu'en rétribution des crimes de David, c'est tout le peuple d'Israël qui subit la colère céleste...
Porté par l'exceptionnelle prestation de Gregory Peck, David et Bethsabée est un petit bijou de drame psychologique, dont l'atmosphère sombre et intimiste est renforcée par de nombreuses scènes nocturnes et une utilisation parfaitement maîtrisée des clairs-obscurs, comme dans la superbe scène finale de la prière dans la tente qui renferme l'Arche d'Alliance. Quand à Susan Hayward, d'ordinaire flamboyante, elle livre ici une composition tout en retenue mais pleine d'émotion, et contribue à faire de ce péplum méconnu et mésestimé un incontournable du genre.
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le 21 mai 2018
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