De l’Autre côté du mur poursuit cette veine de désenchantement du passage à l’Ouest qui trouvait en Good Bye Lenin sa pierre angulaire ; le regard porté sur l’histoire refuse pourtant, dans le cas de notre film, le prisme de la comédie pour se resserrer sur les faits, rien que les faits. Œuvre bureaucratique et paranoïaque, le film de Christian Schwochow réussit à brosser le portrait complexe d’une femme qui ne cesse d’échapper aux tentatives de circonscription et de définition : ses revers de fortune semblent se rejouer en miroir, d’Est en Ouest, et la terre promise se mue rapidement en constat amer et brutal d’une désillusion. Ce qui transparaît à l’écran, c’est l’incapacité d’une famille d’exilés à s’enraciner dans un terreau idéologique hostile : le mouvement qui caractérise l’attitude de Nelly suit une évolution en dents de scie, alterne un effort d’intégration et des velléités de fuite.
On regrettera toutefois que la recherche d’une pesanteur étatique ne parvienne à déboucher sur davantage de cinéma et sur moins de démonstration : les procédés utilisés pour mettre en scène la menace s’avèrent des plus éculés et enferment le long-métrage dans une série de codes scolairement respectés, mais guère transcendés. S’il réussit à intéresser, De l’Autre côté du mur ne passionne pas pour autant, la faute à une immersion limitée dans un contexte historique comme tiré des manuels d’Histoire, sans la médiation de l’art. Notons enfin que la relation entre la mère et le fils tend à rester de l’ordre du théorique, et qu’elle n’apparaît pas évidente à l’écran. Reste une œuvre ambitieuse et pédagogique qui a le mérite de contrebalancer l’eldorado si souvent indiqué dans les synthèses schématiques portant sur cette époque.