Le drame qui prend l'eau
Il est difficile de clôturer un programme de court métrage qui se trouve assez régulier et équilibré dans le bon sens du terme. Il se trouve que la programmation de la compétition 7+ du festival Ciné...
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le 7 févr. 2024
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Il est difficile de clôturer un programme de court métrage qui se trouve assez régulier et équilibré dans le bon sens du terme. Il se trouve que la programmation de la compétition 7+ du festival Ciné Junior du Val de Marne est particulièrement bonne (été 96, Dede is dead, My name is Edgar and I have a Cow, Harvey, et Beurk !), même dans ses films les moins inspirants. Il est donc compliqué de passer en dernier, et c'est la lourde tâche qui a été attribué à De l'eau plein les poches, un court métrage étudiant de l'ESMA à l'esthétique particulière qui est très intriguant au visuel.
Il va m'être difficile de parler de ce court métrage car je ne veux pas descendre la personne derrière le projet. Il y a sans doute mille et une raison pour expliquer ce que je vais soulever dans cette critique, mais force est de constater que j'ai beau me retourner la tête dans tous les sens, à essayer de trouver les meilleurs explications possibles, je tombe inévitablement sur le même constat: le film est un ratage complet. A se vouloir plus dark et mature qu'il n'est, le film devient juste ridicule et minable tant tout ce qu'il entreprend ne peut pas marcher. D'une part l'animation, dans une esthétique très intéressante se rapprochant de l'esthétique d'un enfant de 6 ans, ce qui pourrait avoir son charme... mais avec des détails très disparates qui laissent sous entendre que l'enfant sait dessiner avec des proportions et des notions de perspectives, le tout à côté de plans où les contours dépassent, ce qui rend le tout bâclé et moche. L'animation peut être intéressante dans son côté minimaliste mais manque beaucoup trop de frame pour que cela soit jolie, cela ressemble beaucoup plus à une animation rushé à la dernière minute qu'à un travail soigné, car les seuls animations réellement convaincantes sont celle exigeant le plus de mouvement, et celles-ci ressemblent à des exercices anatomique tant celles-ci ressemblent à énormément d'autres. Le remplissage a un côté sympathique image par image, reproduisant bien le coloriage irrégulier au feutre, mais assemblé en mouvement avec de l'animation, l'image devient très vite illisible et moche... Vous comprendrez, la technique n'est pas le point fort du long métrage car celui-ci manque de structure, manque de recherche, et manque sans doute de travail. On peut alors se dire que le film sera sauvé par son scénario... qui est tout aussi catastrophique que la réalisation, voire même plus.
L'histoire n'est pas des plus intéressantes et tire en longueurs car on n'a pas assez d'éléments (ou ceux-ci sont trop mal exposé) pour qu'on ait quelque chose à attendre. On sent que le film veut créer une sorte de plot twist quand viendra l'image de fin (on y reviendra plus tard), mais à vouloir que tout soit nébuleux et vague, on n'apprend rien de la situation. On finit par très vite se rendre compte de la bêtise du scénario tant celui-ci cherche à ce que tout soit mystérieux, mais que rien ne le soit vraiment, on arrive à tout prévoir ou presque. Ce n'est pas aidé par des dialogues sont beaucoup trop sur-écrit, d'une lourdeur sans nom, et portés par des comédiens non professionnel en roue libre qui ne savent pas comment les jouer. Chaque tentatives de communication de la part des personnages finit en une épreuve totalement lunaire où chacune des phrases prononcés devient presque une épreuve du combattant (notamment le grand père qui a l'air de ne pas savoir ce qu'il fout là). Histoire de ne pas avoir assez de défauts comme ça, le film se permet des moments de pure excès où l'on va s'inspirer des shonen japonais pour représenter une scène émouvante où un personnage regarde le ciel en pleurant... la subtilité, c'est pas pour eux. En résulte un film éprouvant à voir, éprouvant à suivre, qui en plus n'a même pas une bonne histoire à raconter, et qui n'a pas l'air de savoir comment la raconter. Le film créé une ambiguïté bizarre sur l'état de santé de la mère (source de toute l'histoire), à coup de "maman dort encore, mais on ne pourra jamais la réveiller, c'est trop tard" (si vous trouvez ça lourd et cliché, vous n'êtes pas seul). Le soucis étant que le film créé tellement de teasing, tellement de forshadowing et de clin d’œil forcé, que la fin te parait presque déceptif par rapport à ce qui nous a été présenté. Ce qui fait que la fin a beau être heureuse, le film arrive à nous frustré sur le bonheur de ses personnages principaux. C'est un calvaire, un ratage complet qui se prend beaucoup trop au sérieux pour ce qu'il devrait, et qu'on n'arrive jamais à prendre au sérieux une seule seconde.
6/20
N’hésitez pas à partager votre avis et le défendre, qu'il soit objectif ou non. De mon côté, je le respecterai s'il est en désaccord avec le miens, mais je le respecterai encore plus si vous, de votre côté, vous respectez mon avis.
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le 7 févr. 2024
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