Je me disais bien que Matt Damon avait l'air étonnamment frais, dans ce film de cowboys. Il remonte à plus de vingt ans, tout s'explique, pas la peine de râler que Penélope Cruz a les moyens de se payer un filtre de Jouvence. Et nous voilà partis pour un western à l'ancienne, mais pas trop, c'est à dire qui ne remonte pas à la conquête de l'ouest, mais aux débuts de l'automobile. Aussi bien, ça se passait cette année : les petits fermiers se faisaient déjà manger par les banques, les avocats mettaient déjà leur grain de sel dans la moindre affaire familiale, la corruption gangrénait le Mexique, les Indiens étaient relégués à une place subalterne dans la société, l'argent se concentrait dans quelques grandes familles, les superstitions les plus rances régissaient les rapports sociaux et la misère talonnait les péquenauds du fin fond de la brousse, qui rêvaient djà d'aventure et de prospérité dans le pays d'à côté. Bref, une histoire plutôt moderne dans le traitement des rapports sociaux, et passablement démodée dans celui de l'histoire d'amour entre un cowboy et une héritière mexicaine. Sortez les violons, les mouchoirs et le popcorn. C'est pas pour dire, mais quand même, c'est passablement cucul, même si la maturité de la minette, qui sent le souffle de la fatalité passer sur sa vie, sauve un peu la romance de la niaiserie totale. Ceci dit, le parcours des amoureux est un peu balisé et n'arrive pas à la hauteur des démêlés des deux nord-américains avec le système judiciaire mexicain. A moment donné, j'ai même pensé aux Evadés, un parallèle plutôt flatteur. L'un dans l'autre, j'ai quand même passé un bon moment, aux côtés d'un personnage qui aurait mérité un meilleur traitement mais qui ne passe malgré tout pas inaperçu. Sa relation à son compère et aux chevaux , insuffisamment développée, relève heureusement l'ensemble. Donc, à mi-chemin entre le raté Como agua para chocolate et le plus réussi La maison aux esprits, un film à boire et à manger, lyrique, romanesque, grandiose et tarte à la fois, qui peut plaire, éventuellement.