Dead Shadows par SlashersHouse
Vous vous rappelez certainement de cette époque où les auteurs pouvaient se permettre des histoires farfelues et des effets-spéciaux foireux, comme avec The Stuff par exemple, emblème du genre où un yaourt extraterrestre cherche à détruire la race humaine. Dead Shadows c’est à peu de choses près ce style, mais bien-évidemment à la française. Etonnant, car même les américains ne s’y osent plus (hormis quelques trublions indépendants comme Lloyd Kaufman), et en France c’est pire puisque personne ne veut mettre de l’argent, ou rarement, dans les films de genre, obligeant les enfants de Voltaire à s’exporter.
Un état de fait qui du coup a forcé la production à se débrouiller avec 150.000 euros, soit presque rien. Pourtant, malgré cette indigence le résultat est à la hauteur, et irait même rivaliser avec quelques métrages au budget moyen du genre, en général un ou deux millions de dollars. Les effets-spéciaux en CGI sont soignés et les décors le sont tout autant, ce qui est plutôt un pari réussi. En revanche personne ne pourra passer à côté du jeu des acteurs. Avec un tel budget on ne peut pas se payer de grosses têtes d’affiches, du coup on se retrouve avec le défilé des recalés d’Actors Studio, et même si le principe du cabotinage n’est pas détestable en soi, et même plutôt recommandé (cf Attack of the Killer Tomatoes), voir la totalité du casting jouer n’importe comment pourra agacer, surtout lorsque la bobine adopte un ton sérieux pas toujours des plus judicieux (la peur du noir, l’enfance, bref des trucs accessoires peu intéressants). On pourra également se demander le pourquoi du comment du badass québécois sorti de nulle part, ou encore pourquoi l’armée française ne comporte que si peu d’effectifs, mais ça serait se poser des questions sans réponses…
Ce qu’on appréciera, malgré une intrigue un peu longue à démarrer, c’est le gore bien sale et juteux façon Lucio Fulci ou Ruggero Deodato, voire même style Le monstre qui vient de l’espace de William Sachs. On pourra également ajouter à cela des créatures sympathiquement inspirées des poulpes Lovecraftiens ainsi qu’une femme araignée lors d’une scène sensuellement affreuse.
Dead Shadows cumule les bons points et les mauvais, mais ces derniers sont vites esquissés par les bons, même si l’on aurait aimé que tout cela arrive un peu plus tôt et nous épargne tout le passage introductif sur le héros du film (dans l’absolu développer ses personnages aurait été un bon point, mais seulement si l’on avait eu une ou deux scènes gores pour rythmer un peu la chose). Une bonne découverte qui laisse entrevoir une lueur d’espoir dans un monde de copies conformes qui n’aiment pas les risques !