Cinéma français rime pour beaucoup avec comédies franchouillardes ou films chiants. Pourtant, quand on creuse un peu, on peut s’apercevoir que certains s’essaient au cinéma de genre. Ils s’y cassent la plus part du temps les dents mais ils ont au moins le mérite d’essayer de proposer quelque chose de différent dans ce paysage cinématographique très formaté où les producteurs deviennent soudainement frileux à la lecture d’un pitch inhabituel ou étrange. Du coup, beaucoup sont obligés de s’autofinancer comme c’est le cas avec ce Dead Shadows d’un certain David Chowela, qui signe ici sa première réalisation, et son maigre budget de 150000€. Le problème, c’est qu’on a beau avoir de bonnes intentions au départ et essayer de blinder son film de références diverses et variées, quand le reste ne suit pas, le résultat est forcément en demi-teinte, voire plus…
C’est vrai qu’un film made in France à l’ambiance post-apocalyptique, parsemé d’effets gores, avec des monstres affublés de tentacules et autres protubérances diverses et variées, on ne voit pas ça tous les jours par chez nous. Sur le papier, ça s’annonçait sympa, mais en réalité, c’est bien différent. Le budget y est clairement pour beaucoup et on sent que le casting a été pioché dans ce qu’ils ont pu trouver avec le maigre cachet qu’ils pouvaient leur allouer. Du coup, force est de constater que le jeu d’acteur est dans l’ensemble plutôt médiocre et bon nombre de figurants voire même de seconds rôles semblent parfois en totale roue libre. Le must étant atteint lors d’une scène surréaliste où un père et son fil essaie de voir en pleine rue la fameuse comète du scénario à l’aide d’une lunette astronomique. Le fils joue mal, le père joue très mal, et ce fût l’éclat de rire lorsque ce dernier interpelle le héros du film en lui demandant : « Jeune homme, vous vous y connaissez en astronomie ? » et que ce dernier réponde : « Oui ». Toujours on interpelle les gens dans la rue pour demander ce genre de chose et bien entendu toujours ce sont des passionnés d’astronomie qui savent régler des putains de lunettes.
Dans l’ensemble, ce sont les dialogues de manière générale qui sont particulièrement à côté de la plaque et qui font preuve d’une niaiserie forçant presque le respect. Ca sent souvent le remplissage comme cette fameuse scène de la lunette astronomique ou même une bonne partie de la première moitié du film, alors que le film dure à peine 1h14 générique compris ! Clairement, l’ensemble fait très moyen métrage étiré un maximum sur la longueur afin d’en faire un long. Clairement un mauvais point pour la première réalisation de David Chowela.
Néanmoins, on sent que ce dernier est un passionné de cinéma de genre et on a vraiment l’impression qu’il a mis tout son cœur dans son film en n’oubliant pas de mettre bon nombre de références des cinémas qu’il semble apprécier. Hormis le coup classique des posters dans la chambre du héros tel celui de New York 1997 de John Carpenter (entre autres), on sent l’inspiration des hentaïs tentaculaires made in Japan (la scène de « l’enfilade anale » lors de la fête), du cinéma d’horreur italien des années et ses effets gores bien dégueulasses et dégoulinants, de l’univers de Lovecraft de manière générale avec ses fameux monstres tentaculaires, ou encore des ambiances bien pesantes à la Carpenter (encore), avec toute cette obscurité et son lot de lumières qui grésillent, cette musique d’ambiance façon The Thing (hormis lors de la fête) de… Carpenter (ça ne s’invente pas).
Et c’est cette ambiance qui sauve le film du naufrage complet. Malgré ce faible budget, le visuel a tout de même de la gueule et les effets spéciaux sont dans l’ensemble assez réussis. Bon, on n’est pas à l’abri de SFX numériques un peu foireux, mais en même temps, ça coute moins cher que fabriquer un monstre tentaculaire en animatronic et on ne peut pas leur en vouloir d’économiser là où ils peuvent avec leur budget riquiqui.
Malgré toute la bonne volonté du réalisateur qui semble se dégager du film, Dead Shadows reste une série Z assez moyenne, frôlant parfois même avec le médiocre. Saluons tout de même l’effort de David Chowela de proposer quelque chose de différent et espérons qu’il persiste sur sa lancée car on sent tout de même en lui un réel potentiel.
Note : 4.5/10
Il semblerait selon les dires du réalisateur que la production du film aurait été éprouvante, que le film à la base devait être un huis-clos sans tentacules dans un format court métrage.