Gros casting, le bon faiseur Taylor Wong à la réalisation, du beau monde à la barre des scènes d’action, qu’est-ce qu’il pourrait mal se passer avec Deadly Dream Woman (1992) ? Eh bien il suffit de regarder le nom du producteur, Wong Jing, pour tout de suite avoir les jambes qui flageolent tant le bonhomme a produit tut et n’importe quoi dans les années 90, du très bon au très mauvais. Entre Deadly Dream Woman et le diptyque Heroic Trio / Executioners, il semble y avoir eu une toute petite mode des super héroïnes de cuir et de capes vêtues à Hong Kong, mais on retrouve également dans le film de Taylor Wong quelques éléments du film God of Gamblers, énorme succès de Wong Jing, comme cette héroïne badass qui a perdu la mémoire et qui renvoie clairement au personnage de Chow Yun Fat dans God of Gamblers, mais aussi de Naked Killer, autre très joli succès du producteur. Mais ici, point de super pouvoirs façon Marvel, notre héroïne masquée est simplement une spécialiste du kung fu, également très douée avec les armes à feu, et ça tombe bien, car les scènes d’action sont la seule chose à sauver de cette production sincèrement très moyenne, pour ne pas dire parfois assez médiocre.


Après une grosse scène d’action en début de film, gunfight assez violent avec des gros impacts de balles qui giclent et qui laisse présager du bon, le film vire à la grosse comédie un peu lourdingue comme Wong Jing en a le secret. Mais on sait bien que ce dernier est capable de changements de tons extrêmement brutaux et on va d coup avec droits plus tard à quelques autres scènes d’action assez virulentes, mais aussi une scène qui aurait pu sortir d’un Cat III (une effroyable scène de viol heureusement courte). Quand on sait qu’il se dit que Wong Jing aurait également coréalisé le film, il n’y a rien d’étonnant là-dedans, le bougre aimant bien contrôler un peu tout ce qui pourrait lui rapporter de l’argent. Cette grosse comédie lourdingue qui prend trop de place, c’est le gros problème du film. Déjà, il faut être sensible à l’humour cantonais, mais même là, les gags tombent la plupart du temps à plat. Pourtant, il y a de bonnes idées et même des choses qui, sur le papier, marchent, comme cette parodie du rap taoïste de Histoires de Fantômes Chinois, mais ça ne fonctionne pas. Les scènes d’exposition censée apporter un peu plus de profondeur aux personnages et à l’intrigue sont assez mollassonnes et il faut avouer qu’entre les scènes d’action, on s’ennuie un peu. Certaines intrigues s’enlisent, d’autres ont du mal à se rejoindre et on sent que ce n’est pas ce qui intéressait tout de beau petit monde. De plus, comme dans beaucoup de comédies cantonaises, les acteurs sont en surjeu total, à l’exception de Jacky Cheung plutôt bon dans son personnage de mécanicien muet et Ken Lo toujours à l’aise dès qu’il faut jouer des méchants sadiques. Le reste des acteurs/trices, à commencer par Sharla Cheung Man ou Chingmy Yau, sont soit dans un surjeu total, soit à côté de la plaque. Le personnage le plus irritant étant celui de Deannie Yip, la mère de Chingmy Yau, maquereautant sa propre fille, antipathique au possible et surtout jamais drôle.


C’est dommage car, de leur côté, les scènes d’action sont bien troussées. Taylor Wong à la barre et les chorégraphes d’action Yuen Cheung-Yan, Tony Leung Siu-Hung et Billy Pang savent clairement ce qu’ils font. Alors oui, on pourra par exemple rire du kickeur Ken Lo qui se bat en peignoir rouge, mais sans être du niveau d’un John Woo de la belle époque, les gunfights ont de la gueule, bien nerveux, bien violents, bien montés, privilégiant la visibilité et le côté impressionnant de la chose, tout comme les quelques scènes martiales qui sont d’un bon niveau avec des chorégraphies sympathiques. On regrettera que, à l’instar d’autres films HK de la même époque qui jouaient la carte de la surenchère d’action, Deadly Dream Woman n’ait pas eu un rythme plus effréné qui lui aurait permis de marquer bien plus les esprits. C’est ce genre de film qu’il faudrait presque regarder la télécommande à la main, et faire avance rapide lorsqu’une scène d’action se termine pour se rendre à la suivante. Heureusement que le final remonte le niveau et permet de finir sur une note positive, avec cette grosse scène d’action où l’empalement, les dropkicks et les explosions sont de mise, permettant au film de se maintenir en milieu de tableau.


Est-ce bien utile de se fader 55 minutes de comédie pas drôle, d’exposition chiante et d’acteurs cabotinant à mort pour 25 minutes d’action bien fichue ? En tout cas, c’est ce que propose ce Deadly Dream Woman, donc à vous de voir…


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-deadly-dream-woman-de-taylor-wong-1992/

cherycok
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le 16 oct. 2024

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