Je vous en parlais dans ma chronique de The Lady Punisher, la fin de carrière de Tony Liu (Bastard Swordsman, Dreaming the Reality) n’est pas très reluisante avec tout un tas de films de seconde voire troisième zone, difficilement trouvables et parfois inconnus même des amateurs de péloches HK. Appréciant fortement le réalisateur, je me tente de temps à autres une de ces bobines méconnues dans l’espoir de tomber sur une pépite, ou tout du moins sur quelque chose de déjà juste sympathique. Attiré par la jaquette de Deadly Illusion, sur laquelle on peut apercevoir Yu Rong-Guang (Iron Monkey) un flingue dans chaque main, je me suis dit que je tenais là un petit actionner sans doute bas de gamme mais néanmoins divertissant. Alors autant ma précédente tentative, The Lady Punisher, ce n’était pas bon mais il y avait le début d’un petit quelque chose, autant Deadly Illusion, c’est juste pas bon.


Après un début qui fait illusion, avec même un petit combat qui, à défaut d’être génial, ne s’en sort pas trop mal, on sent très vite que Deadly Illusion est une production dans le sou. Les films martiaux n’étaient clairement plus à la mode à cette période à Hong Kong et seules de toutes petites productions, récupérant diverses anciennes gloires du genre, prenaient le risque de sortir malgré tout. Dans Deadly Illusion, ce micro-budget se sent vraiment, avec une majorité de scènes se passant en intérieur, dans des appartements ou des maisons, et un côté bavard qui prend le dessus sur tout le reste. Ça parle beaucoup pour pas grand-chose, avec des policiers qui enquêtent, à la recherche d’un assassin qui a tué un riche homme d’affaire. Ça discute, ça parle, ça passe / reçoit des coups de fil et on s’emmerde grave. Quand ce n’est pas les flics, ce sont les hommes d’affaires qui discutent, mangent ensemble, portent des toasts, boivent des cafés, draguent, et on s’emmerde grave. Deadly Illusion est rempli de scènes sorties de nulle part, avec par exemple des gens qui se font attaquer par des petites frappes qui veulent piquer leur argent sans que ça n’ait quoi que ce soit à foutre là. Il y a beaucoup de remplissage pour rien, certains personnages arrivent, comme pour rajouter un peu d’eau au moulin, mais meurent peu de temps après sans que leur micro arc narratif n’ait servi à quelque chose. Certains passages en deviennent même ridicules tant le jeu des acteurs est aux fraises.


Les acteurs ne semblent pas passionnés par ce qu’ils font là et, clairement, ça sent le film pour renflouer un peu leurs poches à une époque où le ciné HK va mal et que ça serait faire la fine bouche de refuser un contrat, quel qu’il soit. Yu Rong-Guang est monolithique, Elvis Tsui fronce les sourcils, Lung fong fait sa tête de méchant, Carrie Ng semble ailleurs, et Michael Chan est content car il a eu des cigares gratos. Le réalisateur Tony Liu n’est guère plus inspiré et on sent que peu d’énergie est mise dans la mise en boite de Deadly Illusion. On est de temps à autres sorti de notre torpeur par des petites scènes d’action, pas trop mal torpillées par ailleurs, avec des échanges de coups nerveux bien qu’un poil trop accélérés, mais ces scènes sont bien trop peu nombreuses et bien trop courtes (jamais plus de 30 secondes) pour être intéressantes. Alors on attend le final, en se disant qu’avec un casting pareil ça pourrait être sympa et redorer un peu le blason de cette première 1h15 absolument horrible qu’on vient de voir. Bon, désolé de vous décevoir, ce n’est pas bon non plus. On a bien un petit « combat de veste » de 20 secondes (les rares fous qui ont vu ce film comprendront), suivi d’une course poursuite aussi intense qu’un course d’escargots, pour finir sur un gunfight filmé avec les pieds et monté n’importe comment au point qu’il est parfois difficile de comprendre ce qu’il se passe. Il pleut des balles, mais personne ne se touche jamais, alors même qu’ils sont parfois à trois mètres les uns des autres. Bref, Yu Rong-Guang, avec un flingue dans chaque main, n’est en gros sur l’affiche que pour appâter le chaland qui se dit que le film va cartonner avec ses compétences martiales, mais ce n’est pas le cas d’autant plus que le bougre ne doit être présent dans le film que 15 ou 20 minutes tout cumulé. Une bien belle arnaque.


Malgré un casting sympa et une jaquette nous promettant un petit actionner des familles, Deadly Illusion est une catastrophe du début à la fin. Le titre du film nous promet une mortelle illusion, mais au final on a juste une mortelle désillusion.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-deadly-illusion-de-tony-liu-1998/

cherycok
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le 20 oct. 2022

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