Red fist
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le 17 févr. 2016
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Ce Deadpool, je le surveillais depuis un petit moment. En projet depuis une dizaine d’années, il promettait de bousculer quelque peu les codes des films de super-héros, comme le fit par la suite Kick-Ass. Mais là où ce dernier se concentrait sur les problématiques d’être un super-héros sans pouvoir, ni force physique, ni gadgets de riche, Deadpool est un mutant comme tant d’autres dans l’univers des X-Men. La principale différence vient de sa personnalité, car rien ne destinait Wade Wilson à faire le bien dans sa vie. Il garde son humour trash et vulgaire, son autodérision, et surtout la conscience d’être dans un film (ou une bande-dessinée, c’est selon). S’il y a bien une chose que les teasers et la campagne de publicité prouvaient, c’était que les personnes impliquées dans ce projet, Ryan Reynolds le premier, avaient compris le potentiel du personnage et comptaient bien l’exploiter. L’occasion était trop belle de faire oublier son apparition dans un X-Men Origins : Wolverine de bien triste mémoire (autant pour les spectateurs que pour l’acteur, qui le jouait déjà).
Il faut dire que ça commence bien, avec ce générique d’introduction débile à souhait, ne donnant aucun nom mais seulement des indications comme « réalisé par un blaireau surpayé ». Voilà qui donne le ton, et ça continue avec la première scène en taxi. Là où le bât blesse assez rapidement, c’est une fois qu’on a compris comment le film serait structuré, à savoir par longs flashbacks nous expliquant comment Wade Wilson en est arrivé là. Un mode de narration pas si original que ça, surtout pour une trame tout à fait bateau, disons-le. Dans le genre, Super faisait nettement mieux et se moquait plus cruellement du « héros » qui part dans une quête vengeresse pour sauver sa femme. Reconnaissons que la partie romance initiale est très plaisante ici, entre une première discussion pour le moins inhabituelle et par la suite une poignée de scènes que je n’aurais jamais cru voir dans un film Marvel (pas besoin de spoiler, vous saurez de quoi je parle).
J’aurais donc tendance à dire que le tout se tient fort bien pendant la première heure, mais perd paradoxalement en dynamisme et en entrain quand « l’intrigue doit avancer », pour citer un des personnages. On sent les scénaristes à l’aise pour digresser avec des personnages secondaires comme le chauffeur de taxi, sur des situations débiles permettant à Reynolds de se lâcher, mais lorsque l’on revient à la trame et au méchant, le côté barbant et prémâché de nombreux films du genre revient au galop. C’est simple, un personnage comme Deadpool a besoin d’un adversaire qui a du mordant, du charisme, pas un simple sadique sans émotions comme on en a déjà vu des pelletées. Il n’est simplement pas intriguant, pas intéressant, et n’offre aucun potentiel scénaristique au héros à part se moquer de son nom (allez, il y a un gag bien trouvé sur la fin avec ça). On pourrait même arguer que Deadpool n’a pas besoin de vrai « grand méchant » face à lui, surtout si le but est de casser un peu les schémas éculés.
Les deux X-Men qui reviennent assez souvent dans le film ne sont pas non plus exploités au mieux, ils donnent surtout l’impression d’être des faire-valoir du héros qui va les charrier en permanence. Le voir se moquer d’un Colossus moralisateur, ou de la demeure des mutants et son professeur, est toujours drôle mais tourne assez rapidement à vide. A nouveau, comme on pouvait le prévoir, la principale qualité du film est d’avoir un héros et même quelques autres personnages tournant en dérision la plupart des situations sérieuses, quitte à en faire des tonnes. C’est à peu près ce que visait Kick-Ass 2, mais il se vautrait complètement dans une vulgarité pénible, une mise en scène fade et une esthétique laide au possible.
Sans non plus atteindre le niveau d’un Sam Raimi (on pensera d’ailleurs à son Darkman à plusieurs reprises), Tim Miller nous sert a minima quelque chose de lisible et propre. Les scènes de combat n’impressionneront pas grand monde tant elles sont vues et revues, mais il a le mérite de rester loin du niveau abyssal des frères Russo (Captain America 2 et bientôt 3, pour rappel). Un peu comme pour Ant-Man, c’est un film qui aurait grandement bénéficié d’un type ingénieux et survolté comme Edgar Wright, mais on a envie d’être indulgent vu ce qui nous est proposé d’assez inhabituel à côté du reste. Comme j’ai pu le dire d’autres fois, difficile d’estimer si je suis clément avec ce film à cause d’un contexte morose ou parce qu’il le mérite vraiment. Comme premier film de super-héros de l’année, il s’en sort très honorablement et devrait rester loin d’être le pire, ce qui est bien dommage vu le nombre qu’il en reste.
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le 10 févr. 2016
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