Super antihéros ou anti superhéros ?

C'est pourtant pas mon truc les films de superhéros. Leur principal défaut à mon goût : ils se prennent beaucoup, beaucoup trop au sérieux. Il y en a eu toute une tripotée, trop pour être comptés, déclinant tout ce que l'Amérique compte de justaucorps colorés. Boom, bang, badaboum, héros stéroïdés, apocalypse d'effets numériques dégeulasses, bon sentiments made in USA... tout cela me laisse assez froide. Et pourtant, me voilà à l'avant première mondiale (excusez du peu) de Dead Pool au Grand Rex, écoutant un chauffeur de salle survolté (Yeaaaaaaaaaaah unanime de la salle), devant un super écran de 25m (Waouhoooooo unanime de la salle), avec des rangées de geek trentenaires en costume rouge (Wouaiiiiiiiiiiiiiii unanime de la salle). Même le visa d'exploitation obtient une acclamation générale. Mais qu'est-ce que je fous là ? Réponse : j'ai un ami dans le tas de geek en rouge.

Verdict, malgré toutes mes réserves initiales : j'ai adoré ! En adaptant le personnage le plus déjanté de l'univers Marvel, Tim Miller injecte une sacrée dose de dérision et d'humour noir à la franchise. Wade Wilson, aka Dead Pool, ex-soldat devenu un mutant aux super-pouvoirs et joliment recouvert d'un costume en lycra rouge, ressemble à première vue à tous les autres. Mais le personnage a un sérieux pète au casque, une langue bien pendue et une morale déficitaire. Tous les ingrédients du bon anti-héros. En jouant cette carte jusqu'au bout, le réalisateur réussit un beau mélange de parodie et d'hommage au genre, unissant dans les mêmes éclats de rire les fans absolus des X-Men et ceux qui les détestent, ce qui n'est pas un mince exploit ! Un autre côté rafraichissant du film est le second degré permanent et le recours au "quatrième mur" lorsque le héros s'adresse directement aux spectateurs. Se foutant de tout, et beaucoup de lui-même (Ryan Reynolds en Deadpool déclarant "tu crois vraiment que Ryan Reynolds a eu ses rôles pour son jeu?", le générique annonçant un film fait par "un connard surpayé"), le film vise une cible nettement moins familiale que les autres du même genre. Pas sûr qu'on trouve des survêtements Deadpool taille quatre ans... Il est d'ailleurs interdit aux moins de 17 ans non accompagnés aux States, sans doute moins à cause de la violence (on a vu pire) que des gros mots et du cul (y compris une atteinte blasphématoire aux couilles de Wolverine...). La vraie cible, ce sont clairement les 25 et 35 ans, dragués à grand coups de références à la culture pop des années 1990 et 2000. Les ficelles sont parfois un peu grosses, l'humour un peu trash, la stratégie de communication un peu trop huilée et pourtant, ce Deadpool devrait réjouir notre génération de geek. Surtout ceux en rouge.

Ps : la petite provinciale que je suis déclare son amour au Grand Rex, la seule salle ciné de France où on a l'impression de regarder un film avec 1200 potes déjantés. J'adore !