Ou comment (presque) réussir à tenir un film seul

Partagé entre mon agacement de la promotion balourde du film ("cé tro violen é tro vulgere vou allé adoré") et mon excitation face à un Marvel qui promettait un peu plus de fraîcheur (à l'instar d' "Ant-Man" ou des "Gardiens de la Galaxie") que les aventures assommantes d' Iron Man, Thor, et compagnie, je me suis installé dans mon siège sans attentes particulières.

Le film commence et, si on entre assez vite dans le délire, la séquence d'intro est un peu too much ("Oooouuuaaaaisss, on a à peine commencé et regardez comment on brise déjà de manière révolutionnaire le quatrième mur !"). J'avais l'impression d'être avec le pote un peu lourd qui te tape sur l'épaule pour bien te faire comprendre que tu vas t'amuser.

Le mode de narration non-linéaire, tout en flashbacks, est assez astucieux car le film a pour unique vocation de mettre en avant son (anti) héros, Deadpool. Du coup, le dynamisme de la narration nous fait presque oublier que le scénar tient sur un mouchoir de poche.
Les scènes d'actions sont très bien réalisées, un peu dans la veine d'un "Kick-Ass" ou d'un "Kingsmen" (à savoir, de la bonne chorégraphie, et du sang).

Pour passer à l'humour, le film ne déçoit pas. On rit souvent de bon cœur devant les blagues de mauvais goût, les dialogues insensés (les répliques entre Deadpool et le Taxi Indien restant un must). Dommage que les Bandes Annonces aient spoilées quelques vannes bien senties qui sont tombées à l'eau durant la projection du film. Problème: il y a tellement de vannes à la minute qu'on sort du cinéma en en ayant oublié plus de la moitié.
Les références à la pop-culture sont aussi les bienvenues, même si certaines paraissent un peu gratuites et peinent à s'intégrer au film (le rêve de Deadpool à propos de Liam Neeson, par exemple).
Mais en dehors du registre potache, le film arrive également à émouvoir, avec une intensité inattendue. Les scènes de la "transformation" de Wade Wilson, son impuissance face à son bourreau, sont assez poignantes.

Pour le reste, même si le parti pris du film est clairement de mettre Deadpool en lumière, ça n'excuse pas le bâclage assez inédit des persos secondaires. Le décalage d'attitude voulu entre Colossus et Deadpool marche assez mal, et la jeune mutante intéressante est si peu exploitée qu'on à parfois envie de dire à Deadpool "pousse toi un peu, fais lui de la place!". Mais, il était convenu que ce serait LE film de Deadpool, alors... Soit, c'est pas très grave.
Par contre, les méchants... Ben ils sont très méchants et n'ont AUCUN charisme. Problème renforcé par l'invulnérabilité de Deadpool car on ne se soucie jamais du personnage, sachant qu'il s'en sortira.
Le plan "kidnapper la copine du héros" est d'un banal...surtout pour un film qui prétend "casser les codes". En soi, c'est plutôt bien que le film ne soit pas long et brasse une intrigue sommaire, mais ils auraient pu choisir autre chose.
Gros Big-Up pour la colocataire de Deadpool, par contre, car ses scènes sont hilarantes.

En résumé, on entre dans l'action, on rit aux vannes, la réalisation est bonne... Mais passée l'euphorie du premier visionnage, on se rappelle du vide qui subsiste derrières les cabrioles du psychopathe en rouge.
Je n'ai pas boudé mon plaisir. Deadpool est un Marvel hyper-rafraîchissant et on peut admettre que le réal ait senti le besoin de tout concentrer sur le perso principal pour faire adhérer le spectateur à cet univers déjanté avant de développer quelque chose de plus construit par la suite.