Alors ? Je t'ai manqué ?
C'est que c'était trop cool, en 2016, que mon irrévérence et mon côté sale gosse mal embouché soient portés à l'écran. Et surtout, c'était trop cool que tu craques dix boules pour voir ça et permettre à la Fox de braquer le box office sans forcer cette année là.
Et mon costume, il déchirait, putain ! Ca chiait dans les casseroles tellement c'était bien !
Hein ? La salle n'était même pas pleine cette fois ? Les cons, je leur avait dit pourtant que me coincer entre Infinity War et Solo, ça craignait bien comme il faut. Y'en a certains qui rejoindront le wall of shame que j'ai inauguré après X-Men Origins : Wolverine, tiens...
Bon, on prend les mêmes et on recommence donc en 2018. Toujours aussi mal embouché, toujours aussi virevoltant et rigolard. La formule marche encore, pour peu que tu ne sois pas allergique à la bêtise ambiante, et tu passeras un bon moment en ma compagnie. En plus, on a fait dans le bigger et le louder cette fois-ci : plus de personnages, plus de décors et plus de cinétique, ma deuxième aventure est bien remplie, la plupart du temps bien rythmée et enquille les références et les piques comme un sale mioche les conneries en tous genres.
D'autant plus que les exécutifs de la Fox ne m'ont pas contraint à économiser les balles à l'occasion de ce Deadpool 2, d'autant plus que Cable y traîne ses guêtres, lui qui, questions grosses pétoires, s'y connaît plutôt pas mal. Il faut avouer qu'il pète la classe sous les traits de Josh Brolin et que j'en suis pas mal jaloux, lui que ne permet même pas qu'on le touche, à l'inverse de Colossus qui, sous ses airs sévères, aime bien se faire peloter par mes soins, même s'il ne vous l'avouera jamais, cette grosse cochonne de poêle Téfal anti adhérante.
Il y a aussi Domino dans mon film, qui est cool mais que quand je l'ai vue pour la première fois dans son costume, à la sortie de sa loge, je n'ai pas pu m'empêcher de la traiter de tête d'ananas. En retour, elle m'a roulé dessus avec le convoi pénitentiaire qu'elle conduit dans le film, le temps d'un abordage urbain assez surréaliste et nerveux. On n'a pas appelé un des gars qui a buté le bébé clebs de John Wick pour rien, quand même...
Ne comptez cependant pas voir le reste de la team X-Force originale, hein, y'aurait eu trop de têtes d'affiches dans un film qui porte quand même mon nom de code. Enfin, si, on la voit, mais la Fox a décidé de l'expédier de manière un peu absurde et triste, même si on se dit que cela colle plutôt bien avec l'esprit Deadpool... Mais les fans hardcore mettront sans doute un contrat sur ma tête après ça... Haaaaaa non les gars ! Vous vous trompez ! Pas moi, pitié ! C'est pas de ma faute si le studio ne sait pas quoi faire du projet qui traîne depuis un bail sur ses étagères ! Faudrait pas confondre...
Ah, et je voulais vous dire aussi : j'étais CONTRE le traitement réservé à Black Thom Cassidy, c'est clair ?
Pour le reste, hé bien, faut avouer que je suis toujours aussi classe, que je ne la referme pas beaucoup et que mes blagues sont toujours aussi rase-mottes et en dessous de la ceinture. C'est ultra fun et sans temps mort, sauf le temps d'une escale carcérale qui permet de faire planer le mystère sur un invité de dernière minute. Et puis l'action, elle est très bien foutue, y'a pas à tortiller du boule pour chier droit, comme on dit. En un mot, ça défonce.
Vous ne serez pas déçu, c'est sûr, foi de mercenaire, même si le côté méta de mes aventures papier passe encore une fois bien à l'as, au profit d'une intrigue très classique en forme de Terminator-like sur fond de sauvetage préventif. Ce qui fait se dire, parfois, que Couilles d'Acier n'a pas forcément tort quand il me serine tout au long du film que les règles sont faites pour ne pas être enfreintes. Deadpool 2, en effet, ne s'écarte jamais de ma première aventure de 2016. Il reprend ainsi le générique moqueur qui parodie cette fois-ci le gun barrel et l'esthétique bondiens. Il donne ce que le spectateur attend de pied ferme, sans jamais cependant le prendre à revers ou l'étonner. Oui, l'action est là, l'humour potache constant et mon personnage toujours aussi barré. Mais rien de plus. Au point que mon nouveau film est peut être trop conscient de ce qu'il est et de la satire qu'il véhicule, plutôt complice aujourd'hui, tant du système de l'entertainment, des films de super héros que du personnage Ryan Reynolds.
Et si Deapool 2 ne rime pas forcément avec "mieux", il s'accorde cependant sans mal avec un "j'en veux" franc, massif et immédiat.
Parce que faut avouer que je déchire toujours autant, que je montre même ma bite à l'écran dans une reprise très Basic Instinct et que le gag final est formidable.
Behind_the_Mask, Wade's World