Après m’être enquillé The Burning Dead (2015), The Snow Queen (2013) et Alien Showdown : The Day the Old West Stool Still (2013), trois étrons cinématographiques de bien belle facture, je m’étais juré de ne plus regarder une seule bobine du tâcheron Rene Perez, réalisateur indépendant aux 18 films en 8 ans de carrière, tant le résultat à l’écran était, comment dire ça sans être grossier, nul à chier. Pourtant, lorsque je suis tombé récemment sur le projet Death Kiss (2018) et son point de départ complètement improbable, au détour d’un site sur le cinéma bis, ma curiosité a été piquée au vif. Imaginez une bobine rendant hommage à la célèbre saga Un Justicier dans la Ville (Death Wish en VO) avec Charles Bronson, dont le héros est interprété par un sosie plus vrai que nature de Charles Bronson. Et bien moi ça m’a intrigué. Je n’y peux rien, c’est comme ça, je suis faible dès qu’il s’agit d’un projet à la con, même si avec Rene Perez à la barre, on pouvait s’attendre au pire. Au final, le résultat est un vigilante movie très réactionnaire, à la photographie dégueulasse, pas aidé par un budget microscopique, mais -et là c’est une surprise- bien mieux que les trois films cités au début de cette introduction. Et cette progression est à saluer même si, soyons clairs, Death Kiss n’est pas un bon film…
Alors qu’on se demandait déjà quelle était l’utilité réelle de Death Wish sorti en 2018 avec Bruce Willis, remake d’Un Justicier dans la Ville réalisé par Eli Roth, la question se pose encore plus pour ce Death Kiss sorti du tréfond des abysses du cinéma indépendant US. Quelles sont les véritables intentions de Rene Perez avec un tel film ? Est-ce réellement un hommage pour un genre qu’il affectionne particulièrement ? Est-ce juste pour engranger un max de pognon facilement en attirant ce qu’il reste des fans de Charles Bronson ? Est-ce qu’il essaie de se faire remarquer par Hollywood en créant du buzz ? Si c’est réellement ce dernier point, c’est cramé pour toi René, ils verront le reste de ta filmographie. Pour faire du pognon ? ça me semble compliqué. La sortie de la bobine a, comme pour les autres films du réalisateur, été assez confidentielle, et à moins de fouiller un minimum du coté des bobines moins connues, il y a peu de chances que le grand public tombe sur Death Kiss. Reste l’hommage, et à vrai dire, il semble plutôt sincère.
Rene Perez s’est approprié tous les codes du vigilante movie, genre qui a connu ses heures de gloire dans les années 70 et 80, avec sa musique électro ou rock, sa photographie sombre, un côté violent et sanglant assumé, ou encore son héros peu loquace. Mais commençons par le commencement, le héros justement, ou plutôt l’acteur qui l’interprète. Car c’est lui la véritable curiosité du métrage. Il s’agit de Robert ‘Bronzi’ Kovacs, un acteur hongrois ayant gagné plusieurs concours de sosies pour sa ressemblance flagrante avec Charles Bronson, acteur dont il est fan depuis tout petit selon ses dires. La ressemblance n’est pas que physique, elle va jusque dans les mimiques, les tenues vestimentaires, la coiffure, et bien évidemment la moustache, même s’il faut avouer que Kovacs semble avoir un peu plus abusé des tacos depuis son arrivée aux States.
Et donc Kovacs, il va reprendre en gros le même rôle qu’avait Bronson quand il interprétait Paul Kersey dans les films Un Justicier dans la Ville. Parce que, comme le dit la jaquette du film : « Justice has a familiar face ». En mode vigilante, pas très bavard, avec un côté mystérieux, balançant des phrases courtes façon punchline à qui veut bien les entendre. Sauf que notre sosie de Bronson, même s’il se la joue quasi-parfait mimétisme, il est aussi mono-expressif qu’un Steven Seagal ayant trop abusé de la picole. Ah c’est clair que ce n’est pas le meilleur acteur du monde Kovacs. Heureusement que ses lignes de dialogue sont limitées … Mais néanmoins, il y croit, et va jouer à fond son rôle de bourrin rempli de remords, exécutant à tour de bras de méchants bad guys écervelés à grand coup de magnum 347 dans des effusions de sang à peine exagérées mais néanmoins du plus bel effet dès lors qu’on est passé outre les quelques CGI dégueulasses.
A ses côtés, la belle Eva Hamilton (Ruin Me) qui ne s’en sort pas trop mal, Daniel Baldwin (les séries Hawai 5.0 ou Grimm) qui se donne à fond et qui s’en sort avec les honneurs ou encore Richard Tyson, le charismatique méchant du rigolo mais néanmoins dispensable Un Flic à la Maternelle, qui lui passe plus de temps à cabotiner qu’à réellement essayer de rendre son rôle crédible. Alors c’est sûr, on n’est pas dans un casting trois étoiles, mais avec le petit budget qui semble avoir été alloué à Rene Perez, le bougre semble avoir fait avec ce qu’il a pu…
En ce qui concerne le film en lui-même, ce n’est donc pas la panacée, ce n’est même pas terrible terrible. Malgré tout, on soulignera de vrais efforts de mise en scène, avec de jolis plans, une envie de réellement coller à l’ambiance des vigilante movie d’antan. Mais tout cela est gâché par une photographie complètement dégueulasse. Perez a tenté de mettre un filtre bleuté tout le long de son film afin d’accentuer le côté sombre des sujets graves dont il veut parler (le trafic sexuel de fillettes, le viol, la criminalité de manière générale), mais le résultat final est complètement foireux au point que certaines parties du corps des acteurs sont bleues. Le film se veut poseur, trop poseur, au point qu’on a l’impression que Perez nous balance sans cesse des « Hey, z’avez vu le putain de sosie de Bronson que j’ai dégoté ? ». Et ça peut fatiguer.
Death Kiss tente d’enchainer les scènes fortes : viol, torture, suggestion de pédophilie infantile et fait en quelques sortes le lien entre les scènes via le personnage de Daniel Baldwin, un mec bossant dans une radio locale, qui parle de toute cette criminalité, de l’absence de la Police lorsque le danger devient important ou qu’elle n’a rien à y gagner. Le discours est parfois un peu tendancieux… Est-ce que Baldwin représente ce que pense le réalisateur ? Est-ce juste pour coller au personnage interprété par Kovaks ? Est-ce qu’il faut prendre les choses au second degré façon humour noir ? Ce n’est pas forcément toujours clair… Les gunfights, plutôt nombreux vont eux du bon au moins bon. Ils sont réussis lorsqu’ils sont plutôt statiques (même si on n’est pas dans du John Woo, faut pas déconner), mais dès que le réalisateur tente de donner un peu de mouvement, ils deviennent rapidement pachydermiques. En fait, le film, c’est constamment ça, dès que quelque chose tient la route, il y a son pendant complètement bancal qui suit rapidement. Et au final, le résultat n’est sincèrement pas terrible.
Death Kiss est sans doute un des meilleurs films du réalisateur Rene Perez. Il faut dire que ce n’était pas compliqué tant sa filmographie est remplie de sombres bouses. En net progrès donc mais malgré tout, Death Kiss reste un métrage assez médiocre.
Critique originale : ICI