Cette critique peut contenir des légers spoilers.
Depuis le 10 avril 2009, date de sortie de Dragonball Evolution, c'est gravé dans le marbre : les ricains sont nuls pour adapter en prise de vue tout ce qui touche au manga et à la japanimation. Et à part quelques petites exceptions comme Ghost in the Shell qui eut un succès correct chez les néophytes et les fans, c'est vrai que généralement ça ne se passe pas toujours très bien de condenser toute une histoire en moins de deux heures. Avant même que l'occident n'essaye d'épuiser la mine d'or, le Japon avait déjà commencé à adapter des manga à la mode comme Shingeki No Kyojin ou Death Note dans des films à petits budgets nanardesques au possible, qui existaient plus pour l'aspect comique que pour autre-chose. (Sérieusement allez voir le film Death Note de 2006, rien que pour le Ryuk en carton pâte)
Mais bref. C'est donc à Adam Wingard, plutôt axé films d'horreur, que fut donné la tâche d'adapter le manga Death Note de Takeshi Obata et Tsugumi Ohba. Comme dit plus haut, il est quasiment impossible de reprendre tout le manga en moins de deux heures et Dieu (de la mort) merci, ce n'est pas le parti pris par ce film. La réalisation a ainsi opté pour un scénario très différent reprenant seulement les règles du Death Note et six personnages principaux : Light, Ryuk James/Soichiro, L, Watari et Mia/Misa. Alors que le film commence globalement comme le manga (Light trouve le Death Note et peine à y croire), il se décide peu à peu à tracer son propre chemin et à se créer sa propre identité. L'histoire en elle-même est plus humble et le réalisateur a eu le courage de proposer des personnages plus simples et moins manichéens. Au final, on retrouve un L beaucoup moins calme et qui finit simplement par péter un plomb vers la fin du film, un Ryuk moins "gentillet" et surtout, une relation Mi(s)a - Light très différente.
Dans le manga, Misa Amane est une bimbo folle amoureuse de Light, qui utilise cette dernière pour arriver à ses fins... Et ici, Mia Sutton est une pom-pom girl manipulatrice qui possède une idée de la justice encore plus tranchée que Light. Ainsi, le petit lycéen, certes très intelligent, tombe totalement dans le piège et craque pour la jeune fille. On aura alors droit à plusieurs renversements des rapports de force plutôt bien menés.
Ici, le duel Light VS L est mis en retrait. Light devient suspect numéro 1 beaucoup plus vite et les événements s'enchaînent très rapidement. Dans la panique, l'étudiant fait des erreurs et se montre beaucoup moins discret, ce qui n'empêche pas quelques coups de théâtre durant le film.
On pourra cependant regretter la fin, un peu bancale et difficile à interpréter... Je n'ai pas su dire si c'était un cliffhanger ou si ça signifiait tout simplement
la mort de Light ou de L
Sinon pour parler du reste, les effets spéciaux sont plutôt bons malgré la présence très forcée de scènes gores. Le jeu de lumière fait très film d'horreur et parfois edgy mais apporte un bon côté, on ne voit jamais clairement Ryuk. Ce dernier était honnêtement ma plus grosse crainte concernant le film, mais le fait de ne pouvoir percevoir que sa silhouette le rend très réaliste. Quant au casting, rien à redire, j'ai aimé chacun des acteurs principaux, surtout Light.
En conclusion, cette adaptation se veut probablement plus réaliste, plus proche de ce qui se serait vraiment passé. On ne retrouve ici pas une montée en puissance d'un héros calculateur qui ne commet aucune erreur, mais simplement la tentative de survie d'un étudiant lambda déboussolé. Et au final... Pourquoi pas ? On est certes loin de l'œuvre originale, mais le message philosophique est là et le tout se révèle intéressant. Malgré quelques défauts scénaristiques, Death Note 2017 est selon moi un film correct et loin d'être aussi prétentieux que ce que l'on aurait pu imaginer.