[Critique sans spoilers]
Comme beaucoup de personnes, j'attendais la nouvelle série de M. Groening avec énormément d'impatience. Étant une fan inconditionnelle des Simpson et surtout de Futurama, j'avais hâte de voir ce que Matt pourrait nous concocter dans un cadre heroic fantasy. J'ai regardé la première saison presque d'une traite, mais ça n'a pas pris cette fois-ci.
Disenchantment nous propose donc de suivre les aventures de Bean, une princesse un peu rebelle et de ses deux amis : Elfo le petit elfe qui se fait friendzoner et Luci, le diablotin démoniaque, alcoolique mais rigolo (un peu l'équivalent de Bender ici). On retrouve pas mal d'allusions et références plus ou moins discrètes aux contes classiques et à l'heroic fantasy en général, le tout dans un monde un peu délirant qui ne se prend pas au sérieux.
La première différence qui saute aux yeux par rapport aux précédentes productions de Groening, est le format d'épisode : on est ici sur du 30 minutes (37 pour le pilote), et une trame scénaristique, bien que peu importante, se dessine tout au long de la saison. On ne retrouve donc plus une succession de loners tous indépendants comme c'était le cas pour Futurama et Les Simpson.
C'est rarement une structure d'épisode qu'on retrouve dans les séries d'animation comique et pour cause ; on a ici vite fait de s'ennuyer. Il y a certes à chaque épisode une petite intrigue (sous la forme [Problème => Aventures => Résolution]) qui se dessine mais elle traîne un peu en longueur systématiquement et ne présente que peu d'intérêt.
De plus, Disenchantment a pour principal défaut de n'aller un peu nulle part. On aperçoit vaguement des critiques de la religion ou un message d'émancipation féminine, le tout teinté d'un pseudo-cynisme à la Rick et Morty ou Bojack Horseman mais c'est tout. Et comme l'humour va rarement plus loin qu'un "je noie ma dépression dans l'alcool, regardez comme je suis sarcastique", on ressent vite un effet de redite dès le deuxième épisode. À vrai dire, les éléments les plus amusants sont probablement les petits gags visuels qui ont lieu en arrière-plan.
Les Simpson, en plus d'être plutôt drôle, critiquait la société américaine en exacerbant tous ses traits dans les personnages de Springfield et Futurama parvenait à traiter des problèmes sociétaux des années 2000 à travers l'an 3000 (grâce à la pirouette des Têtes notamment). Disenchantment se contente simplement d'avancer timidement, balançant quelques blagues par-ci, par-là et rappelant toutes les 5 minutes que la protagoniste est une adolescente rebelle.
Comparé aux précédents travaux de Groening, il n'y a pas photo : Disenchantment manque cruellement de profondeur et le rythme est un peu bancal. Malgré une jolie mise en scène et animation, des bons doublages et thèmes musicaux, la première saison aura vite fait de tourner en rond et fera tout au plus esquisser quelques sourires.