Death Note
3.4
Death Note

Film de Adam Wingard (2017)

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Voici plusieurs arguments pour vous aider à combattre cette "contrefaçon" de Netflix.


1 - Ce film est mauvais "en lui-même", (c'est-à-dire sans comparaison à autre) : mauvais cadres ou placements de caméra maladroits, rythme mal pensé avec des séquences parfois bâclées, acteurs peu convaincus d'eux-mêmes bien que parfois audacieux, incohérences scénaristiques évidentes, simplification et non-sens de la psychologie des personnages, scènes embarrassantes à la limite du malaise (enlève ce chapeau haut-de-forme Light, par pitié, enlève-le !), malgré des effets spéciaux et pyrotechniques réussis. Le choix des musiques est également impossible à justifier et les facilités d'écritures pour laisser place à de l'action gratuite sont bien trop grossières (Course-poursuite entre L et Kira...Sérieusement ?).
Si vous n'êtes pas convaincus, jetez un œil à la merveilleuse filmographie de ce cher réalisateur Adam Wingard pour en avoir le cœur net.


La critique devrait s'arrêter là, mais devant la polémique, nous sommes obligés, fan ou non, d'admettre qu'autre chose choque, et ce, nous allons le voir plus loin, de manière parfaitement volontaire.


2 - On ne peut pas parler "d'Adaptation". Et il ne faut pas dans ce cas précis. Ce mot désigne le déplacement d'un sujet dans un environnement différent, comme lorsqu'un animal change de biome et doit s'adapter pour survivre. Autrement dit en terme cinématographique, on "adapte" lorsque le format est changé. (Livre en série, série en film, etc.) ce qui a nécessairement des impacts scénaristiques, sur la durée de l'intrigue, la complexité des personnages, et ceci est tout à fait logique. Cette transposition de format permet par exemple de révéler de nouvelles problématiques en lien avec les spécificités du nouveau média, ou de transmettre un autre niveau de lecture, vision du réalisateur etc. Le fait d'adapter n'est pas mis en cause.
Cependant, cela ne doit pas servir de prétextes pour modifier des éléments qui sont essentiels à la cohérence originale dont l'exemple le plus marquant est le suivant : Raito Yamagi, (ou Light) explique à Ryuk que l'intérêt et l'essence même du Death Note est que si l'on ne précise pas la cause de la mort, on meurt d'une simple crise cardiaque. Ce fait n'existe pas ou bien n'est pas précisé dans le film de Netflix, et il est donc impossible sans cet élément pilier de relier les morts entre elles pour l'enquête et déterminer que Kira existe. On est donc dans le non-sens et l'incohérence. Certains éléments comme les règles du Death note ont été modifiées, d'autres rajoutées et changent totalement l'ensemble de l'univers (vas y je marque le nom de Watari tranquille ça marche ma gueule). De la même manière qu'une adaptation du Seigneur des Anneaux préciserait qu'on peut s'envoler en portant l'anneau et donc filer au Mordor, ou que Harry Potter peut se transformer en dragon loup-garou et aller tuer Dumbledore parce qu'il est le frère de Voldemort.
On est donc davantage dans de la contrefaçon ou simplification volontaire (" Lol mais y a trop de règles dans ce bouquin" oui Light tu es un crétin, oui.), mais ces changements nuisent au film lui-même, car modifier un élément d'un tout peut faire faiblir ou s'écrouler l'édifice si l'on décide de suivre l'original, sans volonté de créer une histoire parallèle ou "spin-off". De la même manière que les changements apportés dans "Shining" de Kubrick s'éloignent de l'oeuvre originale de King mais ne déstructurent pas l'essence de l'histoire à proprement parler malgré de vraies modifications. Alors que pour ce Death Note, les exemples de détails ou voire carrément essentiels sont légions et ne manqueront pas d'êtres relevés par les plus connaisseurs de l'oeuvre originale.
Pour ceux qui seraient moins familiers avec le manga, sachez que Misa possède elle-même un Death Note et un dieu de la mort nommé Rem, que Light est surveillé par des micros et plus de 70 caméras rien que dans sa proche chambre dès la mort des membres du FBI ou encore que Ryuk laisse juste tomber le cahier sans choisir de possesseur humain (ce qui explique que les règles sont écrites en anglais qu'il évoque comme la langue la plus parlée par les humains. Et oui, logique.)


3 - Plus qu'un film raté en substance et par lui-même, et une "contrefaçon" de l'original, on a ici à faire à une entreprise plus que malsaine de guerre cognitive ou guerre culturelle. Les personnages sont volontairement rabaissés ou humiliés tant cela semble forcé. Cela concerne n'importe quel personnage du film (non, je ne les ferais pas un par un). On peut très bien modifier des éléments sans volontairement insulter ceux-ci, ce qui fait le génie de bien d'autres adaptations qui "respectent" une oeuvre originale en prenant d'amples libertés sans simplement suivre à la lettre la trame originale. Là on est plutôt dans l'insulte systématique (le père de Light...pardonne les, par pitié, pardonne les).
Pire encore, ces infectes arguments du fameux "white-washing" prouvent ce propos et devraient vous alerter : dans le film, L est joué par un acteur noir, et pourquoi pas, mais doit-on parler de "black-washing" pour autant ? Watari est sensé être un vieil homme anglais, alors qu'il est dans ce film un japonais, alors, "asia-washing" pour celui-ci ? (D'ailleurs, pourquoi un japonais créerait un orphelinat en Angleterre du coup ? Ah, encore un non-sens). Un tel argument ne tient pas et est d'autant plus mensonger, et stupide que le film est mauvais. Utiliser de tels arguments pour contourner les critiques sont vils et démontre cela. L'exemple pour comparer le plus frappant est évidemment "Dragon ball Evolution" à juste titre souvent présenté dans les commentaires : les américains réduisent ainsi la notoriété d'une oeuvre étrangère et récupèrent des parts de marchés sur le simple fait qu'ils sont déjà appréciés par une forte base de fans. Ils ne manquent pas de le faire pour toute oeuvre ayant un quelconque succès hors de leurs frontières, et si ils ne peuvent faire mieux en terme de qualité, ils n'auront qu'à réduire l'impact afin d'amener les spectateurs à se dire : "ah Death Note, c'est un film de Netflix non?" comme "Ah mais Les Misérables c'est un film avec Russell Crowe non?".
On pourrait presque sentir la haine envers l'oeuvre originale comme une riposte qui n'est pas impossible à concevoir (mais peu probable parce que cela soutiendrait que l'équipe technique a lu l'oeuvre originale ce qui ne semble manifestement pas le cas) : dans le manga, les Etats-Unis et leur image sont mis à mal par la mort des agents du FBI et l’abdication du Président envers Kira. L'image de ce beau pays est peut-être quelque peu ternie mais ne justifie pas un tel "assassinat culturel". Ce film présente donc une véritable démarche de destruction culturelle, ce n'est peut-être pas grand chose pour vous mais ça veut dire beaucoup (oui lalala).
Enfin, nuance tout de même, ce n'est pas parce qu'une culture adapte ou produit un remake d'une oeuvre d'une autre culture que cela est pernicieux, bien au contraire. On peut remercier James Cameron d'avoir fait du film " La Totale" avec Thierry Lhermitte et Boujenah le superbe " True Lies" avec Schwarzenegger.


4 - Pour terminer, pas besoin de faire de suite pour encore se faire un peu de pognon. Non. Juste non. Merci. Essayez d'avoir de nouvelles idées vraiment "originales" la prochaine fois.

Nitesko
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le 28 août 2017

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