Alors qu’on aurait pu croire à la fin de la saga Death Race avec un troisième opus made in Roel Reiné absolument catastrophique, Universal semble ne pas en avoir encore fini avec sa course à la mort puisque début 2018, alors que personne ne s’y attendait, débarque en VOD et directement en DVD / Bluray un quatrième volet tout poétiquement intitulé Death Race 4 : Beyond Anarchy. Tout un programme. Le trois ne m’ayant pas refroidi, je me lance immédiatement dans cette nouvelle suite, parce que quand on commence une saga, on la finit. C’est une règle chez moi. Tant pis s’il faut souffrir. Tant pis s’il faut saigner des yeux. Tant pis si au final j’aurais perdu 1h50 de mon existence à mater une purge intergalactique. J’avoue, je craignais le pire, car avec sa filmographie de second couteau réalisateur de suites en DTV (Jarhead 2, Lake Placid 4, Un Flic à la Maternelle 2, Sniper Legacy), Don Michael Paul, même si faiseur correct, n’est pas le réalisateur le plus bandant du monde. Et pourtant, ce Death Race 4 : Beyond Anarchy arrive à faire sortir la tête de la saga de l’eau. Et croyez-moi, le 3 l’avait enfoncé bien profond !
Petite piqûre de rappel, La saga Death Race commence en 1975 avec La Course à la Mort de l’An 2000 de Paul Bartel, produit par l’indécrottable Roger Corman. 33 ans plus tard, en 2008 donc pour les plus mauvais en maths, Paul W.S. Anderson (Event Horizon, Resident Evil) sort son remake avec Jason Statham dans le rôle-titre, tout sobrement intitulé chez nous Course à la Mort. Un actionner bourrin et testostéroné de plutôt bonne facture et très divertissant. S’en suivent Death Race 2 et Death Race : Inferno, tous deux de Roel Reiné (Le Roi Scorpion 3, The Marine 2) et avec Luke Goss (Blade 2, Hellboy 2), le premier annonçant la descente aux enfers tout en restant regardable, et le deuxième étant tout bonnement catastrophique. Pour l’amour de la blague, Roger Corman (encore et toujours) produit en 2017 un La Course à la Mort de l’An 2050, remake d’original et en résulte un divertissement fauché mais décomplexé et très fun. La boucle aurait pu être bouclée, mais Universal en décide autrement et donc en 2018 sort Death Race 4 : Beyond Anarchy. La recette est toujours la même, mais pas complètement.
Comme d’habitude, on part en Bulgarie. C’est moins cher, y’a plein de figurants à bas prix et on a des décors qui peuvent bien coller au film. On est toujours dans une ville prison que le gouvernement s’est permis de construire suite à la recrudescence de violence, et il s’y passe des courses à la mort qui sont multi-diffusées un peu partout à travers le monde. Mais la différence ici, c’est que l’univers qui nous est dépeint est bien plus destroy que dans les autres volets de la saga. On a l’impression d’être dans un post-nuke italien des années 80, avec des costumes improbables, des gueules cassées, du plan nichon gratos à toutes les sauces, et une violence encore plus gratuite que dans les autres volets.
Autre gros changement, il n’y a réellement ici qu’une seule course à la mort, celle de la fin, qui dure bien dans les 20 minutes, et ceux qui veulent y participer devront avant gagner plusieurs autres épreuves diverses et variées (courses de motos, deathmatchs où tous les coups sont permis, …). Du coup, les puristes de la série qui avaient envie de voir de la grosse bagnole se destroyer façon Destruction Derby ou Carmageddon risquent d’être un peu déçu. Pourtant, le film sait se montrer très divertissant. Le gore est très présent, avec des SFX à l’ancienne et tout un tas de joyeusetés bien sanguinolentes : tête tranchée à la tronçonneuse ou aplatie avec une masse, égorgement, et j’en passe. Quasiment pas d’image de synthèse, ce Death Race 4 est un film qui sent la tôle froissée, le kérosène et la poudre, avec des cascades qui du coup ont de la gueule. Des plans boobs comme s’il en pleuvait, avec en prime de la fesse et même du nu full frontal pour les plus frétilleurs de l’entrejambe. Une bande originale assez énervée qui ravira les fans de métal bien pêchu. Quelques petits instants nanar comme ce combattant à la faucille et au marteau nous renvoyant immédiatement à La Cité de la Peur des Nuls. Même la mise en scène fait le job. Malgré un peu trop d’effets clinquants (ralentis, zooms intempestifs, …), les différentes scènes d’action ont de la gueule. On est également content de retrouver Danny Glover (L’Arme Fatale) et cette bonne vieille trogne de Danny Trejo (Machete, Desperado), même si son personnage ne sert à rien.
Dommage cependant que Zach McGowan, qui interprète le héros du film, manque cruellement de charisme avec son regard de chien battu et ses trois expressions au total. Mais surtout 1h50, c’est trop long. Il y a trop de scènes de parlotte dispensables, et ce n’est pas ce qu’on attend de ce genre de série B bien burnée. Le rythme reste malgré tout correct, avec de l’action qui arrive à intervalle régulier. Mais on a l’impression que le film ne s’assume pas en tant que tel et qu’ils se sont sentis obligés d’essayer d’étoffer artificiellement un scénario et des personnages afin de donner un semblant de cohérence à un film qui n’en a pas besoin. Les mecs, avec Death Race, on veut juste du bourrinage assumé et bien branlé, rien de plus.
Après un troisième opus honteux, la saga Death Race reprend du poil de la bête avec ce Beyond Anarchy qui, à défaut d’être réussi, a le mérite de proposer un divertissement honorable.
Critique avec moult images et trailer ici :
http://www.darksidereviews.com/film-death-race-4-de-don-michael-paul-2018/