Charlie Steeds est un jeune réalisateur anglais ultra prolifique. Neuf films en cinq ans, dont quatre juste pour l’année 2020. Alors il est clair que nous sommes ici dans un cinéma de « seconde zone », sans aucune connotation péjorative, dans le sens où ses productions n’ont que très peu de chances de s’exporter ailleurs que dans certains pays anglophones parce qu’elles sont assez confidentielles. Steeds s’autofinance, via sa propre boite de production Dark Temple Motion Pictures. Ses films sont donc totalement indépendants, et les budgets ne sont jamais mirobolants. Avec Death Ranch, il a voulu parler du racisme car c’est quelque chose qui lui fait horreur, en particulier son expression des plus violentes dans l’histoire américaine à travers le Ku Klux Klan. En résulte un film à mi-chemin entre la blaxsploitation et le film de cannibale qui serait, selon son réalisateur, un hommage aux films d’horreur des décennies passées. Le résultat offre des moments sympathiques même si, au final, on reste dans une bobine très/trop moyenne.


Death Ranch va se jeter bras ouverts dans le plus grand classicisme. D’un côté, on va une fois de plus avoir affaire à des gens qui vont se retrouver dans une maison isolée au fin fond de la cambrousse, avec ici comme prétexte un prisonnier qui s’est échappé de prison, qui cherche à se cacher, et qui va trouver refuge, avec l’aide de sa sœur et son frère, dans la grange inhabitée d’un vieil oncle. D’un autre côté, le film va surfer sur les nombreux scandales racistes qui ont lieu aux États-Unis depuis quelques années. Ici, il semble que ce soit des mecs d’une sous-branche du Ku Klux Klan qui tuent des afro-américains, les cuisent, et les mangent, en prenant soin de bien les dégrader avec des termes tels que « négro », « grosses lèvres », « babouin », … Avouez qu’il n’y a rien de nouveau là-dedans avec des sujets maintes fois traités. Mais à vrai dire, Death Ranch ne va pas forcément chercher la critique sociale sur le racisme. Le conflit racial va simplement faire office de décor. Tout comme il est d’entrée de jeu acté que dans un film avec des nazis, ces derniers vont commettre des choses atroces, il est ici admis dès le départ que les membres du KKK sont des méchants, sans qu’il n’y ait besoin de plus d’explications. Le but ici va surtout être de mettre en scène de la violence, souvent caricaturale, bien exagérée, parfois de mauvais goût, avec moult effets sanguinolents, avec en fond un soupçon d’humour noir. Le réalisateur va jouer avec le gore : bâton enfoncé dans l’œil, coup de hache, bras coupé, testicules écrasées par une main jusqu’à explosion, œil arraché avec les dents (il va falloir m’expliquer comment c’est possible), tête coupée et utilisée comme arme, … Du gore à l’ancienne, sans aucun CGI, avec faux sang et tripaille de cochon. L’amateur du genre y trouvera clairement son compte à ce niveau-là.


Le déroulement de Death Ranch va être des plus classiques. Le 1er acte est calme, avec la présentation des personnages et la mise en place de l’intrigue. Le 2ème va être centré sur la douleur et les sévices que va subir le trio de héros. Le 3ème sera celui de la vengeance, car il faut bien décapiter ces connards d’encapuchonnés. Et force est de constater qu’avec ses 1h17 au compteur, le film est suffisamment rythmé pour ne jamais ennuyer. On sent sans cesse le tout petit budget (estimé à 1M$US), avec des costumes qui font cheap et décors limités (la cabane et la forêt) du film, mais on soulignera l’effort de Charlie Steeds en termes de musiques, d’images et même de typographie dans le générique pour coller à son histoire se déroulant dans les années 70 et aux airs de grindhouse qu’il veut donner à son film. Mais Death Ranch rate le coche sur bien des points à commencer par les nombreuses incohérences. On a toujours droit aux réactions complètement cons des personnages, mais ce qui saute le plus aux yeux c’est que les membres du KKK sont tous plus crétins les uns que les autres. On est content de voir souffrir ces capuches blanches, mais on a l’impression que les héros ne sont finalement jamais réellement en danger. Le film n’est pas aidé non plus par le jeu de certains acteurs, complètement à côté de la plaque. Petit exemple : le frère du héros meurt devant ses yeux, dans d’atroces souffrances, et ça lui fait le même effet que s’il venait d’écraser une mouche. Je veux bien que ce soit un dur à cuire, mais, je sais pas moi, une larmichette ou quelque chose n’aurait pas été de trop. Tout cela fait que, au final, Death Ranch est un film qui, malgré quelques notes positives, reste très trop bancal pour retenir l’attention.


Si vous cherchez un film d’horreur avec du gore qui tâche, Death Ranch pourrait vous intéresser. Si vous cherchez un bon film d’horreur, passez votre chemin car ce nouveau film de Charlie Steeds n’est pas une très grande réussite même s’il reste regardable.


Critique originale avec images et anecdotes : DarkSideReviews.com

cherycok
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le 17 juin 2021

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