Death Wish par Alban Peyrot

Dans une Amérique bercée par la violence, un justicier capuché rôde et joue les trouble faits dans les trafics et chez les voyous de Chicago. Remake d'un film avec Charles Bronson (que je n'ai pas vu), Death Wish représente dans l'ensemble la définition du non respect au spectateur et du cinéma d'action à un but purement divertissant.

Déjà, car le film aborde un thème et ne se retrouve pas lui même dans son message profond. L'usage et le port des armes aux Etats-Unis semblant être la centralité de l'intrigue, on s'imagine d'abord qu'il va s'agir là d'un véritable procès contre cette utilisation abusive encore cruellement inscrite dans la constitution. Au bout de quelques minutes, on constate cependant tout l'inverse. Aux vidéos de propagande publicitaires succèdent des attaques perpétrées au fusil et au flingue par un novice qui s'essaie à leur utilisation et semble même y prendre un certain plaisir. Enragé par le meurtre et l'attaque subies par sa femme et sa fille, le personnage de Bruce Willis enfile donc le pull sombre pour devenir le justicier que tout le monde semblait attendre. L'occasion, tiens, de relancer le débat sur les armes avec des split-screens superposant émissions de radio débats et mine réjouie du super-héros satisfait de ses actes complètement contraires au code moral censé le définir.

Car Bruce Willis joue dans ce film un médecin. Et, j'en conviens premièrement, ce rôle ne semble pas lui aller du tout. Et il est vrai que l'acteur ne correspond pas tout à fait à l'idée que l'on se fait d'un chirurgien urgentiste. En conséquence, son rôle prenant une ampleur violente assez exponentielle et importante, on sent que l'acteur a du mal à trouver son jeu et à réellement être son personnage, tant ses actions semblent diverger de l'essence même de ce qui est censé le caractériser. Ainsi, l'homme qui soigne chaque jour des dizaines de patients qui subissent des agressions similaires à celle réalisée chez lui sur sa femme et sa fille, va ici peu à peu abattre sans scrupule des dealers et membres de trafics illicites en tous genres. Le sens moral du médecin et sa vision disparaissent ici si vite, et même le propre du justicier semble s'effacer. Pas donc de pitié et de prise de conscience de ses actes, et on trouve même à la mine réjouie de Willis quelque satisfaction à faire ce qu'il fait. Etrange et complètement dénué de sens.

Par la suite, le film enchaîne successivement les décisions scénaristiques les plus évidentes et faciles nécessaires à enfoncer encore plus le film dans son trou déjà bien auto-creusé. Car ici le comble de la facilité tombe dans les mains d'un spectateur qui n'a plus rien à faire que regarder des images aberrantes et violentes se succéder face à lui jusqu'à la fin du film. Objets miraculeusement lâchés, preuves accablantes et nécessaires à faire avancer l'intrigue, fusils de Tchekhov pas du tout discrets et même pas exploités, sont autant de signes d'un scénario facile et mal écrit et d'une intrigue qui perd en sens et en intérêt, tant elle est si simplement explicitée à nos yeux. Dans cette mesure, le film devient purement récréatif, et donc une pure idée de ce qu'est le cinéma d'action grand public de nos jours. Mais là où certains films se démarquent par l'intelligence de leur propos et certaines innovations intéressantes, Death Wish se contente de dérouler son intrigue simpliste et courue d'avance sans prendre en compte le fait que justement elle n'a rien d'exceptionnel.

Ce n'est bien sûr pas la prétention de ce projet, de réaliser le meilleur film d'action de tous les temps, mais on en demande malgré tout un peu plus en général pour considérer qu'il existe un réel intérêt à regarder ce type de film. Alors oui, il se laisse regarder un dimanche soir pour une projection sans prise de tête, mais en creusant un peu, on en déplore malgré tout le vide abyssal…