Pellicules !
Decasia c'est le genre de film qui traîne chez moi, dont je ne sais rien et que je "lance" comme ça, sans envie particulière, ne demandant qu'à être séduit. Parce que produire de belles images comme...
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le 10 juin 2014
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Decasia, poème malade duquel se dégagent les prodromes de la mort du cinéma argentique, est une oeuvre profondément grisante et authentique. Hommage funèbre à la pellicule, ce film hors-norme de Bill Morrison co-réalisé par le symphoniste Michael Gordon est un concert d'images fulminantes, délitées, tuméfiées, pratiquement moribondes.
Tourné en 2002 Decasia montre un temps "qui a passé", témoignage nébuleux d'un siècle révolu composé d'innombrables photogrammes tous plus triturés les uns que les autres. Rien de moins qu'un film dont le sujet principal serait le support cinématographique Decasia déforme, désagrège, brûle, voile, rature et défile en permanence avec un soin archaïque accordé aux plans. Moins exigeant qu'accessible ( du moins pour ceux qui accepte l'hypnose et la méditation ) l'oeuvre est un reliquat indispensable à la bonne compréhension des prémices du Septième Art : les images des premières minutes nous plongent du reste directement dans l'univers de la projection, des chronographes et des laboratoires... jusqu'à la dégradation hétérogène de la pellicule !
On pense beaucoup à Stan Brakhage pour le travail du support, au montage expérimental d'un film tel que L'Homme à la Caméra ou à l'Oeuvre de S.M. Eisenstein ou encore au superbe The Hart of London de Jack Chambers et ses surimpressions révolutionnaires ; les films de la trilogie de Godfrey Reggio sont également convoqués à notre esprit pour l'aspect méditatif, quasiment prophétique de l'atmosphère dégagée ( la musique envahissante de Gordon n'est pas sans rappeler la partition de Koyaanisqatsi de Philip Glass ). Le film est toutefois suffisamment différent des références citées pour susciter un regard inédit sur la notion de photogramme, et sur le cinéma en règle générale.
C'est visuellement somptueux, éblouissant et inquiétant. Decasia, du haut de ses 70 minutes, n'ennuie jamais car son pouvoir de fascination perdure une fois le visionnage achevé. Un petit chef d'oeuvre avant-gardiste à voir absolument !
Créée
le 13 sept. 2018
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