Deewaar
6.3
Deewaar

Film de Yash Chopra (1975)

« Je suis fatigué, fatigué de me battre avec la vie »

Alors que le climat politique est ultra tendu en Inde durant la période répressive instaurée par Indira Gandhi, un nouveau type de héros apparaît dans le cinéma indien : « le jeune homme en colère ». Il est ici campé par Amitabh Bachchan qui accède avec ce film au succès jusqu’à devenir au fil des ans une légende vivante du cinéma indien.

Deewaar suit un scénario classique. Une famille est victime de la corruption. Le père s’enfuit lâchement abandonnant sa femme et ses deux jeunes garçons. Les deux enfants suivront un parcours différent l’un, Ravi, devenant officier de police ; l’autre, Vijay, rejoignant le milieu criminel dévoré par une rage intérieure incandescente.

Deewaar (दीवार) qui signifie mur exprime l’impasse où se heurte le parcours de Vijay. Un mur implacable sur lequel sa colère se fracasse et se brise.

Yash Chopra est l’un des plus grands cinéastes indiens, un réalisateur romantique. Quand les producteurs l’approchent pour lui proposer de tourner Deewaar, ils s’attendent à un refus de sa part. Yash va pourtant accepter mais il le fera en y ajoutant sa touche propre. Si le film est tendu, il est émaillé d’images furtives de paysages qui accompagnent le déroulement du scénario tout en apportant une respiration.

Une anecdote révèle l’esprit dans lequel Yash a réalisé le film. Lors d’une séquence Amitabh Bachchan tend un revolver, le regard sombre, et Yash détourne la caméra vers une fleur. Amitabh lui fait remarquer que ça n’a aucun sens dans cette scène violente, mais Yash lui répond : « c’est beau ». En fait, ces « détournements » ne sont jamais artificiels. Dans ce cas précis, la fleur peut symboliser la véritable nature du personnage d’Amitabh. Ce jeune homme est ravagé par la violence, une violence qu’il a subie, qui est gravée au sens propre dans sa chair, et qu’il renvoie en retour, mais son fond est bon. C’est un homme qui souffre et dont la capacité d’amour est intacte. Depuis son enfance où il a proposé de travailler pour financer des études à son frère, puis durant toute sa vie où il n'a cessé d'aimer sa mère, jusqu'à la rencontre avec Anita, une proscrite comme lui à qui il ouvrira son coeur.

Bien que catégorisé film d’action Deewaar est avant tout un drame familial. Le scénario lui donne tout son poids à un moment en évoquant la figure d’Arjun, le héros de la Bhagavad-Gītā, livre sacré des hindous qui imprègne profondément leur mentalité. Arjun est placé face à un dilemme, il est amené à faire la guerre contre les membres de sa famille qui se sont rebellés. Alors qu’il est plongé dans le désespoir et la confusion, Krishna se manifeste à lui et l’enseigne. A partir de cette situation concrète, il lui parle de l’action et de la non-action et lui ouvre les yeux sur la Réalité. Ainsi ce film, loin de n’être qu’un film de divertissement brasse la complexité des relations humaines et le sens ultime de la vie à travers l’épaisseur des événements.

Deewaar est un film culte indien qui a remporté 7 Filmfare Awards.

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le 8 juil. 2024

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abscondita

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