Déjà oublié
Ah regretté Tony Scott, c'est parfois en me replongeant dans ta filmographie que je me dis que Ridley ne pouvait que poursuivre ton oeuvre après les misérables Alien ou Blade Runner, il a su puiser...
le 6 juil. 2014
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Tony Scott était un bourrin, certes, mais un bourrin en parfaite maîtrise de son médium. A ce titre, tout le générique d’intro qui nous présente les futures victimes d’un attentat est parfait. On y voit la joie d’une foule en quête de réconfort au lendemain du passage de Katrina, une déférence à ces soldats alors embourbés en Irak, et les joyeux bambins qui agitent les drapeaux américains sous le soleil de Louisiane. Puis, n’y allant pas avec le dos de la cuillère, le cinéaste fait tout exploser dans un grand spectacle meurtrier qui convoque aussi bien les meurtrissures encore fraîches de la Nouvelle-Orléans que les cendres encore chaudes du 11 Septembre.
En dix minutes les enjeux sont posés, l’ennemi est un monstre et la mission de Denzel se voit ainsi conférer une aura sacrée. Et si Déjà Vu démarre comme une enquête classique, il va vite commencer à conceptualiser un système de surveillance aussi propice à la paranoïa qu’il n’est pas impossible à concevoir dans notre monde. Du polar, on passe au techno-thriller qui renvoie aux travaux précédents du britannique dans Spy Games ou Enemy of the State. Puis le film bifurque à nouveau, s'engouffrant cette fois pleinement dans de la pure science-fiction faite de voyages temporels.
On pourrait chipoter sur la crédibilité de l’ensemble, les histoires de paradoxes et tutti quanti, mais ce serait faire obstruction à la pure jouissance que veut nous prodiguer le réalisateur. Car toutes ces afféteries technologiques sont avant tout l’occasion de filmer de l’original, de créer des situations inédites. La scène de course poursuite entre deux époques qui se superposent en est l’illustration parfaite, déjà un concept en soi qui a rarement dépassé le cadre du jeu vidéo. Elle impressionne d’autant plus que Scott s’amuse sans cesse à renouveler les contraintes, et donc l’intérêt. Days of Thunder avait déjà ses bagnoles, mais il n’avait pas le twist Tenet.
S’il se pare d’une imagerie propre à son auteur, et l’ancre pleinement dans le milieu des années 2000, Déjà Vu est d’une efficacité redoutable. Le jeu mental du temporel est stimulant, tandis que le destin des protagonistes reste assez incertain pour que le suspens se maintienne. Le contrat est rempli, et signé de scènes d’actions qui ne font pas dans la dentelle.
Du jamais vu donc.
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Créée
le 9 déc. 2024
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