Le professionnel US du montage dyslexique et des expérimentations visuelles vertigineuses est de retour sous le giron de Jerry -faitpeterledécor- Bruckenheimer, le producteur qui lui offrit ses premiers tours de pistes (même si jour de tonnerre est en fait le second film du duo ) pour un film de commande et la possibilité de renouer avec le succès populaire de sa jeunesse quelque peu ébranlé par les partages en couilles formels de ses derniers films. Le film raconte comment un inspecteur tente de déjouer un attentat effroyable à l'aide d'une technologie permettant de surveiller le passé pour en extirper des indices cruciaux.

Dés l'énoncé de ce pitch on entrevoit le potentiel d'une telle histoire ainsi que les nombreuses chausse trappes narratives qu'elle peut engendrer. Tony Scott prend la décision de s'en tenir uniquement au fait et de simplifier la chose au maximum, comme en témoigne le laïus tentant de justifier scientifiquement le phénomène qui finit en "c'est trop compliqué pour nous et que l'important c'est que ça marche". Assurant ainsi une efficacité mécanique optimale à son récit (c'est fluide et ça s'enchaine quasiment naturellement, si tant est que ce genre de situation puisse être naturelle) il loupe néanmoins le coche et passe complétement à côté de tout le potentiel de son film acouchant d'un thriller convenu et linéaire... ce qui est un comble pour un film dont le sujet principal est le paradoxe temporel.

Ainsi le "voyage" dans le temps n'est qu'un moteur à rebondissement offrant parfois des séquences grisantes, comme une poursuite en voiture sur deux espaces temporel différents seule séquence utilisant réellement le concept d'espace-temps variable comme il se doit. Autrement c'est utilisé pour amener les indices plus facilement au coeur d'une intrigue policière des plus classique: pas d'aller-retour dans l'intrigue, pas de story-line parallèle, pas d'approfondissement des personnages... le brave citoyen du middle-west ne sera par perdu.

Tony Scott s'amuse a multiplier les sources d'information sans jamais oser aller jusqu'au bout de ses idées (comme les aspects mystiques du sujet balayé en un dialogue)... ainsi le réalisateur ne transcende jamais un script qui pourtant en aurait eu bien besoin.
En mettant en parallèle l'attentat du film et Katerina au début pour se rabattre sur un méchant en pleine crise de patriotisme le film ne semble pas vraiment savoir où aller.

Le réalisateur ne prend jamais la peine d'exploiter ce contexte politique et laisse filer son récit en roue libre... En l'état le scénario est un véritable plaidoyer pour le patriot act justifiant l'utilisation de méthodes de surveillance secrètes et absolues. Toute violation ou abus est justifié par le fait que le vilain sera punit et que les braves soldats seront sauvés. La douloureuse passe encore plus mal lorsque l'emploi l'on a Denzel Washington se confiant "pour une fois dans ma vie j'aimerai en arrêter un avant qu'il ne fasse des choses horribles" accompagné de violons larmoyants ou lorsque les séquences de détresses et de peur du début du film sont transformés en séquence de soulagement et de joie à la fin, comme si la surveillance totale et aveugle (On retiendra à ce sujet un passage d'une impudeur totale ou les scientifiques regardent une femme sous la douche, l'un remet en question l'intérêt de la chose on lui répond par la dérision et tout le monde finit dans un sourire complice genre "c'est pas grave") était LA réponse qui pourrait soigner tout les maux.

Notons bien que la réalisation de Toy Scott n'appuie jamais cette veine patriotico-républicaine se contentant de rendre tout ça esthétique, à sa façon. Si le travail sur la lumière et la profondeur de champs est assez notable on ne peut qu'être attristé par un montage simplement dégueulasse, scène d'introduction mise à part. Esthétique ou non la connerie n'en reste pas mois conne et on retrouve à nouveau Tony Scott en simple "faiseur".

Ce film est davantage celui de son producteur que celui de son réalisateur, se dernier se contentant d'apposer sa pâte visuelle sans jamais s'impliquer, laissant le champs libres aux dérives paranoïaques et réac d'un scénario empilant les fausses bonnes idées.
Intéressante leçon sur comment passer totalement à côté de son film. Dans les mains de l'autre frère Scott on aurait pu avoir un tout autre spectacle.
hélas...
Vnr-Herzog
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le 6 mai 2010

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