Continuant sur la lancée de leurs courts-métrages totalement différents de ce que nous propose habituellement le cinéma français, Caro et Jeunet, pour leur premier film, nous entraîne une nouvelle fois dans un univers étrange, où l'humanité semble avoir terriblement souffert d'une guerre. Dans un décor apocalyptique, on s'intéresse seulement aux habitants d'un immeuble, qui par manque de viandes, se fournissent chez un boucher pour le moins spécial puisque ce dernier fournit de la chair humaine...
C'est alors qu'arrive Louison, jeune clown au chômage qui va remplacer un de ses locataires, ayant probablement terminé dans l'estomac des autres. A lire cela ainsi, on s'attend à un film terriblement bestial, cruel.
Fort heureusement non, les personnages étant tellement atypiques que l'on s'accroche assez facilement à eux. Certes, ce n'est pas bien de manger son colocataire, mais tout de même, il faut les comprendre. C'est la guerre, on trouve très difficilement à manger. Il faut bien qu'ils se nourrissent. Cependant, le Louison en question, sensé finir dans les assiettes, ben il plaît à quelques personnes de l'immeuble. Notamment à la fille du boucher où va s'intaller une relation entre eux deux. En fait, on a le temps de découvrir énormément de personnages de ce bâtiment. Même un peu trop... Si tous jouent un rôle plus ou moins important dans l'histoire, on aurait peut-être aimer en voir moins.
Pour en revenir aux qualités de l'oeuvre de Jeunet et Caro, on se trouve dans une ambiance assez burlesque, haute en couleur, avec un grain d'image assez joli. La musique s'accorde également parfaitement à l'ambiance qui se dégage.
On constatera au niveau des acteurs qu'il s'agit d'énormément de "gueules" du cinéma français mais qui sont souvent sous-utilisées et oubliées par un certain cinéma hexagonal (entendons essentiellement par là par les grosses machines françaises, utilisant toujours les Lhermitte, Depardieu, Clavier et consorts). Bref, on a assez rarement la chance de les voir à l'écran ou du moins, les choix filmographiques de ceux-ci ne correspondent pas souvent avec la grosse masse de spectateurs. Mine de rien, le casting se compose de Dreyfus (excellent), Pinon (pareil), Rufus, Viard, Ortega,... Bref, des noms connus et qui, par leurs personnages hors du commun, laissent tous un bon souvenir dans leurs propres rôles. Chacun étant évidemment très différent des autres.
Malheureusement pour Caro et Jeunet, comme souvent dans les premiers longs-métrages, on commet quelques erreurs. Ici, on regrettera que le film soit trop long. En effet, la fin tarde à venir et les deux réalisateurs ont tendance à tirer un peu trop en longueur. Finalement, ça en devient presque ennuyant et on souhaite que le happy end souhaité arrive (et il arrivera). Si on le devine, on se doute qu'il ne sera pas joyeux pour tout le monde. Le scénario devient un peu trop prévisible par la fin. Ad contrario, on dira que les deux hommes ont tourné un film que bien peu oseraient en France. D'ailleurs, Caro et Jeunet trouveront rapidement leur public et des fans pour les défendre. Delicatessen marchera d'ailleurs très bien puisqu'ils permettront aux deux comparses de tourner un nouveau long ensemble (La cité des enfants perdus) et à Jeunet de s'expatrier aux USA avec le dernier opus de la saga Alien en guise de réalisation.
Il est sûr que ce n'est pas parfait, mais c'est tellement original que l'on ne peut que vous souhaiter un bon appétit...

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le 6 mai 2011

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batman1985

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