On avait envie d’un film d’action badass, alors on est allé piocher dans le cinéma d’action coréen qui a maintes fois démontré son efficacité à défaut de son originalité. Car oui, il faut l’avouer, les polars et films d’action coréens, vu le nombre qu’ils en produisent, ont tendance un peu à tourner en rond. Néanmoins, ils font souvent preuve d’une réelle efficacité, permettant de ne pas trop s’attarder sur le scénario lambda. Nous nous sommes donc arrêtés sur Deliver Us From Evil, bobine de 2020 dont le trailer annonçait quelque chose qui répondait parfaitement aux attentes, une sorte de duel jusqu’auboutiste entre deux tueurs avec combats, courses poursuites et autres explosions. Tout ça, on l’a eu. Mais au final, le film n’aura pas eu l’effet escompté…
Deliver Us From Evil suit le parcours de In Nam, un ancien agent des forces spéciales coréennes, depuis reconverti en tueur en gage. In Nam est fatigué, il a envie d’arrêter. Après son dernier contrat au Japon, il exprime à son décideur son envie de prendre sa retraite, de partir loin, dans une maison près de la mer. Au Panama par exemple. Mais il découvre qu’il a une fille de 9 ans, et qu’elle est en Thaïlande aux mains de criminels spécialisés dans le trafic d’organes. Il décide d’aller la récupérer afin de l’amener avec lui. Mais ce que In Nam ne sait pas, c’est que le frère de la victime de son dernier contrat, Ray, également appelé Le Boucher, se lance à ses trousses, bien décidé à le découper en petit cubes pour venger la mort de son frère. Lorsqu’il arrive lui aussi en Thaïlande, le compte à rebours va commencer pour In Nam.
Connu comme scénariste de The Chaser, The Yellow Sea ou encore Confession of Murder, Hong Won-chan revient pour la deuxième fois à la réalisation avec Deliver Us From Evil (2020) après une première tentative en 2015 avec le sympathique Office qu’il avait pu présenter au Festival de Cannes en hors compétition. Repoussé à cause du COVID mais finalement sorti malgré tout durant l’été 2020, le film est un succès au box-office local. Plus de 4 millions d’entrées, soit 34M$US de recettes pour un budget de 11M$US, dépassant même Peninsula, la vraie/fausse suite de Dernier Train pour Busan. Mélangeant drame et action comme on le voit souvent en Corée, Deliver Us From Evil réunit de nouveau, sept ans après New World, Hwang Jung Min (Veteran, The Wailing) et Lee Jung Jae (Assassination, Big Match). Ce duo va clairement être le gros point fort du film, comme le reste du casting de manière générale (mention spéciale pour la petite Choi Hee-Seo), deux acteurs débordant de charisme et qui ont la classe à chacune de leurs apparitions.
Deliver Us From Evil va nous proposer quelque chose de simple, sans jamais chercher à compliquer artificiellement son scénario. Le film est assez linéaire, sans que ça en devienne problématique, mais ne brille pas par son originalité. Encore une histoire de kidnapping d’enfants à des fins de trafic d’organes. Oui, tous les poncifs du genre sont ici présents, aussi bien au niveau du scénario que des personnages stéréotypés. A la limite, ce n’est pas gênant en soi si c’est compensé par une efficacité à toute épreuve, et c’est là que le bât blesse. Alors le rythme du film n’est pas réellement à remettre en question, avec de l’action certes essentiellement concentrée dans sa deuxième partie et une première partie assez calme mais néanmoins bien fichue. Non, ce qui a, pour ma part, posé problème, c’est une majorité des scènes d’action. Il y en a pas mal, des combats pieds/poings, au couteau, des gunfights divers et variés. Sauf qu’elles sont la plupart du temps boursoufflées. On a des effets visuels à base d’accéléré/ralenti pas vraiment du plus bel effet, des espèces de micros arrêts sur image afin de renforcer l’impact des coups mais qui donnent une impression étrange. Mais surtout, il y a un montage complètement aux fraises, bien trop cut, qui cherche à privilégier le punch au détriment de la lisibilité. Sauf qu’au final, ce n’est pas si punchy que ça, et en prime on ne capte rien à ce qu’il se passe. Ce n’est pas le cas de toutes les scènes d’action, les gunfights sont par exemple bien mieux fichus. Mais lorsque pour envoyer valdinguer un mec dans une baston, le réalisateur nous colle 3 ou 4 plans en l’espace d’une seule seconde (façon Taken 3), moi ça me pique les yeux. C’est dommage car, si on prend l’ensemble du film, la mise en scène fait le job, avec une photographie certes classique mais assez carrée, avec de très beaux plans. L’ambiance est d’ailleurs réussie, avec une Thaïlande qui nous est présentée sous un autre jour, sans plage paradisiaque, avec des rues sales, grouillantes de monde, oppressantes. Mais lorsqu’un film d’action est gâché par une bonne partie de ses scènes d’action, le seul mot qui vient à la bouche lorsque le générique de fin retentit est « Mouais ».
Deliver Us From Evil nous délivre bel et bien l’action que nous promettait sa bande annonce, avec un casting impliqué et ton assez violent. Mais elles sont tellement en demi-teinte qu’on ne peut qu’être déçu du résultat final. Un film trop moyen pour retenir l’attention.
Critique originale avec images et anecdotes : DarkSideReviews.com