Un sujet étonnamment bien maîtrisé

Delivery Man, c'est cette comédie américaine sur laquelle je suis tombée uniquement parce que je faisais défiler la liste des films dans lesquels Chris Pratt, un acteur que j'aime beaucoup (et beaucoup plus connu après avoir interprété des rôles phares dans des blockbusters tels que Jurassic World ou Les Gardiens de la Galaxie), a joué. La bande-annonce avait l'air sympatoche, je ne savais pas quoi faire de ma soirée ; alors, pourquoi pas ?
La situation de départ est déjà plutôt loufoque : David Wozniak, un homme qui ne fait visiblement pas grand chose de sa vie, est dans les dettes jusqu'au cou (80 000 $, ça claque !) et apprend que sa copine, enceinte, refuse de reconnaître sa paternité. Et comme si ce n'était pas assez, un avocat débarque chez lui, en lui annonçant que la clinique dans laquelle il a donné son sperme pas moins de 693 fois a fourni toutes les femmes qui y allaient dans un intervalle de 3 ans ! Résultat ? Il se retrouve avec 533 enfants biologiques, et 142 d'entre eux veulent connaître sa véritable identité sous le pseudonyme de Starbuck.

Tout d'abord, je ne peux faire aucune comparaison avec la version originale, le film québécois Starbuck, parce que je ne l'ai pas vu. Je ne sais donc pas du tout ce qu'il vaut en tant que remake.
Je peux par contre tenter d'évaluer Delivery Man en tant que film, et uniquement en tant que tel.

Déjà, avouons-le, j'ai trouvé le début particulièrement lourd. Les blagues sont souvent trop longues, les personnages principaux débarquent avec de bien trop gros sabots pour avoir une introduction satisfaisantes, et certaines vannes de cul sont franchement faciles. On se retrouve, à la première demi-heure, à vraiment se demander si ça vaut le coup de regarder jusqu'au bout.
Mais les péripéties certes inhabituelles qui arrivent à notre cher David Wozniak parviennent à nous tenir en haleine, et on continue tant bien que mal.
C'est après trois-quarts d'heures laborieux que le film prend un tournant décisif ; en se décidant à rencontrer ses enfants, David voit ainsi son monde s'élargir face à un visage toujours différent, avec ses ambitions, ses rêves, son caractère, ses galères. Chaque enfant est unique, sincère, touchant.
De plus, même si c'est évoqué de manière plus ou moins anecdotique, on aura l'occasion d'aborder certains thèmes comme l'homosexualité, la couleur de peau, le rabaissement des femmes dans la société ou encore les maladies mentales.

Delivery Man est loin de se contenter d'être drôle, et il est intéressant de voir certains événements, au premier abord plutôt hilarants, se révéler avoir des conséquences beaucoup plus sérieuses.
Il y a une belle notion de famille qui se dégage de ce film, sans morale lourdingue ni volonté de montrer l'exemple. Pour un film américain, c'est pas toujours évident, alors c'est bien joué.

Quant aux acteurs... Eh bien, ils sont bons, mais certes peu transcendants. On a un Vince Vaughn plutôt convaincant dans son rôle de père maladroit mais volontaire, un Chris Pratt qui semble faire son boulot en jouant Brett, le meilleur ami un peu raté, avocat et père de quatre enfants (mais on aime bien quand il fait des rôles de ratés ! Suffit de voir Peter Quill !), et une Britt Robertson (que j'avais notamment vu dans Under The Dome ou A la poursuite de demain) assez touchante avec cette jeune fille paumée qui reprend goût à la vie.

Honnêtement, ce fut une très bonne surprise, surtout en voyant comment la suite s'est améliorée. C'est un peu de syndrome Dragons, ou même Tempêtes de boulettes géantes : des premiers pas franchement décevants... Puis en fait, on adore.
Ce film reste tout de même négligeable, c'est vrai, mais si vous avez deux heures de libre dans la journée et que vous voulez passer un bon moment, ce serait dommage de le louper.
Je trinque un verre imaginaire à ce film qui est, mine de rien, plutôt réfléchi et maîtrisé, et qui, surtout, nous met de bonne humeur !