Back to nature.
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Au même titre que Les Dents de la Mer a dû compromettre quelques baignades en mer, Délivrance a certainement refroidi certains à l'idée de se faire une virée en canoë. Comme plusieurs autres films emblématiques du Nouvel Hollywood (Easy Rider, Le Plongeon), cette traversée sinueuse n'est qu'un long chemin vers la déchéance.
Clairement, l'objectif de Délivrance est de marquer le spectateur par une sensation de malaise. Les actes opprobres sont légion, et c'est son statut de film choc qui l'a rendu culte. Les scènes choquantes sont filmées avec une froideur déconcertante, comme si elles se déroulaient en temps réel, et sont par conséquent insoutenables.
Mais au-delà de la simple brutalité de certaines scènes, c'est la narration qui devient parfois la plus malséante. Les protagonistes font preuve d'une extrême naïveté, et leur insouciance se traduit par une brillante utilisation de la musique : tout d'abord énoncée dans une scène de duel musical devenue culte, elle est de retour à certains moments-clés qui paraissent inappropriés. Elle rit au nez des personnages, qu'elle accuse de négligence et de candeur.
Mais le plus déconcertant reste sûrement le réalisme dont le film fait preuve. Rien à l'image n'a vieilli, car il y a peu d'effets spéciaux. Toutes les scènes en canoë sont haletantes rien que parce que si l'on s'imagine les conditions de tournage et les risques que prennent les acteurs (Burt Reynolds s'est d'ailleurs cassé le coccyx). Les décors naturels sont somptueux et d'autant plus immersifs qu'ils sont véritablement sauvages.
Un film haletant, très rythmé, mais si choquant que ça ? Aujourd'hui, plus tellement. Même à l'époque, les films subversifs émergeaient : l'année précédente, Orange Mécanique explorait les bas-fonds de la nature humaine (ou inhumaine, c'est selon), et l'année suivante, les controverses que suscitent L'Exorciste le conduiront à se faire censurer pour les besoins de la diffusion télévisuelle. Délivrance n'atteint pas ce degré de subversion, mais qu'importe ; il reste indéniablement un film surprenant et palpitant, et un des plus beaux exemples de ce qu'exprime le Nouvel Hollywood.
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Créée
le 29 févr. 2020
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