Dellamore Dellamorte
de Michèle Soavi

Vu au festival Hallucinations collectives.
Le festival m'avait déjà permis de revoir Hardware de Richard Stanley l'année précédente. Un vrai film cyberpunk d'une puissance visuelle hallucinante que je vous invite vivement à découvrir si ce n'est pas déjà fait.
Plaisir renouvelé cette année avec Dellamorte Dellamore
Ce film de Michèle Soavi date de 1994. Quel plaisir de le voir sur grand écran pour moi qu'il avait découvert sur VHS.
Dellamorte Dellamore, mélancolique gardien de cimetière, flanqué de son fidèle compagnon, Gnaghi, a depuis quelque temps du pain sur la planche. Les morts enterrés dans son cimetière reviennent à la vie et cette mysterieuse épidémie se propage de tombe en tombe, de nuit en nuit.
Jamais un film n'a touché avec autant de poésie le romantisme gothique et la beauté macabre . Seul Tim Burton dans ces moments de fulgurances; Beetlejuice, sleepy hollow, Edward aux mains d'argent; pouvait évoquer ce que Michèle Soavi nous livre sans retenue. En effet Dellamorte est une version adulte et complètement décomplexé de ce genre de cinéma ou se mêle érotisme, morts vivants, têtes volantes et gore.
Mélancolie et humour noir parcoure cette oeuvre atypique et hors du temps. Les acteurs Rupert Everett en tête, sont excellents. Anna Falchi est superbe en succube amoureuse et François Hadji Lazaro réussit à rendre son personnage de demeuré touchant et drôle à la fois. L'humour n'étant jamais cynique ou au détriment du personnage car même quand on pourrait se moquer de lui (voir la scène du vomi sur la fille du maire), la séquence est immédiatement contre balancée par le drame vécu du personnage et la profonde mélancolie du métrage.
L'histoire ne s'appuie pas sur une narration forte mais sur une succession d'ambiances qui contribuent à définir les contours de cet espace hors du temps. Il nous parle de ce qui nous fait vivre et de ce qui nous fait mourir avec des images d'une superbe qualité picturale se suspendant un instant pour nous évoquer des peintures anciennes.Michèle Soavi se serait inspiré des peintures de Arnold Böcklin, peintre d'origine Allemande et l'un des principaux représentants du symbolisme allemand et d'un tableaux qui s'appelle "l'île des morts" au vue de certains plans du cimetière on ne peut que le croire tant cela saute aux yeux. Il s'est également inspiré du tableau de Magritte "les Amants". Enfin le personnage principale s'inspire de Dylan Dog, héros de Fumetti(bandes dessinées italiennes). C'est un détective qui enquête dans le paranormal. Le personnage de John Constantine à certainement été fortement influencé par ce personnage à la marge. Il existe un film qui s'appelle Dylan Dog sortie en 2011. Je ne l'ai pas vu mais je ne peux que conseiller plutôt de voir Dellamorte Dellamore qui possède une ambiance autrement plus captivante et il me semble bien plus proche de la BD (dont j'ai lu quelques épisodes mais je l'avoue il y a assez longtemps quand mon avidité à dévorer tout ce qui ressemblait à de la sous culture me poussait à lire Dylan Dog et Blek le Roc en même temps que Placid et Muzo et les X-men)que ce que nous montre la bande annonce de ce Dylan Dog stérile et lisse comme un téléfilm.
Dellamorte vous tient par la force qui se dégage de son visuel, la mélancolie poignante des personnages et la fatalité de sa conclusion.
Le tempo particulier du film nous pénétre peu à peu et nous plonge dans cette ambiance cotonneuse qui semble planée sur le cimetière. Ce monde clos où tout le monde finit par arriver mais personne ne repart. La quête du personnage principal (retrouver son amour mort) devient une fuite en avant, un moyen de s'échapper du cimetière jusqu'à ce que sa terrible conclusion nous ramène à la réalité sur une note des plus surréaliste.
Un classique sans hésiter
Coyot
10
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le 13 janv. 2014

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Coyot

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