De bien belles images pour faire passer la légèreté de l'analyse...
Si le propos du film est de réaliser un joli catalogue de sympathiques initiatives locales, alors pourquoi pas.
Par contre, le fil conducteur est tout de même l'anti-mondialisation et le triomphe du local sur le global. Production alimentaire locale, monnaie locale, énergie locale, enfin tout local quoi.
En ce qui concerne la production locale, je dis pourquoi pas. Pourquoi acheter des cerises en hiver qui ont traversé l'atlantique en 1ère classe ? Réapprendre à consommer en fonction des saisons, c'est bien aussi, mais franchement avant que les toits de Paris ne suffisent à nourrir la population de la Mégapole, je pense que nombre de tonnes de CO2 auront été relâchées dans l'atmosphère...
Le passage sur le monétaire est incroyable de naïveté, la solution, c'est la création de monnaies locales ! Le voile se lève enfin, un court passage prône la dualité, une monnaie globale ET des monnaies locales... Le fondement est de ralentir sinon d'empêcher les échanges distants. Je ne vois pas très bien en quoi cela permettrait d'asseoir une durabilité de l'économie.
Les monnaies 'institutionnelles' seraient l'outil de domination des multinationales. J'avoue ne pas bien comprendre le lien, car la multiplicité des monnaies n'a jamais empêché qui que ce soit de prospérer. Le cas d'Apple est intéressant à ce titre. Il ne s'agit pas de disparité de monnaies, mais de systèmes fiscaux. Apple est aujourd'hui une des sociétés au monde qui dispose du plus important amas de liquidités. Mais cette richesse est presque virtuelle, car elle reste dans les pays où elle est entreposée car le rapatriement des capitaux aux USA 'coûterait' trop cher en impôts, alors Apple emprunte !
Ce qui entraîne le monde dans le mur, c'est la cupidité et l'avidité. Pourquoi se contenter de ce que l'on a quand on peut avoir plus ? On doit se poser soi-même la question, et avec un peu d'honnêteté intellectuelle, on se rend vite compte que la réponse n'est pas si évidente.
En outre, défendre l'idée que plus, c'est trop est une idée de nantis. Il me parait difficile de contrôler la soif de plus de l'immense majorité de la population terrestre qui n'a rien, ou si peu. N'est ce pas un peu compliqué de leur dire, demandez moins, contentez vous de peu, nous savons nous, qui avons tout !
Le véritable changement serait une répartition équitable des richesses produites et priorité donnée aux revenus du travail sur les revenus du capital. La finance productive a été, est et sera toujours un des moteurs immuables du fonctionnement économiques des groupes humains. La finance bulle, spéculative et aveugle relève pour moi du crime contre l'humanité.
Le message en transparence du film est un appel à la révolution, un prêche pour le communautarisme libertarien. Des états, point, faisons confiance aux initiatives locales pour régler les problèmes du monde. C'est la tendance actuelle, combattre les centres de pouvoir et de décision au profit de l'ultra local. La conséquence est immanquablement le repli sur soi, la stigmatisation de l'étranger, et à terme le déclin, non seulement matériel, mais également intellectuel.
Et puis franchement, un financement participatif s'appuyant sur COFILOISIRS détenue à 92% sur la BNP, et NEUFLIZE (ABN AMRO) comme banque.... Pourquoi ne pas s'être appuyé sur la fameuse Banque WIR décrite dans le film comme un exemple de monnaie locale en Suisse ? Pas facile de vivre dans un monde de contradictions....