DEMAIN ET TOUS LES AUTRES JOURS (13,1) (Noémie Lvovsky, FRA, 2017, 91min) :


Chouette fable sur la relation fusionnelle entre une mère divorcée à la frontière de la folie, et sa jeune fille de 9 ans devant subir une autonomie forcée. Noémie Lvovsky revient cinq ans après le délicieux Camille redouble (2012) nous livrer un conte singulier et cruel à travers une enfance brisée. Dès la pertinente première scène singulière du film, la réalisatrice nous plonge directement dans la problématique du récit à travers les yeux de Malthilde vivant sous le même toit que sa maman mais pas dans le même monde...Cette nouvelle chronique sur l'adolescence s'orne de fantastique tout au long de cette fiction par une mise en scène assez colorée (dès le générique) et onirique complétant une narration très régulièrement métaphorique avec de nombreux plans symboliques (pleine lune, immersion de Mathilde sous la ligne de flottaison du lac...), parfois anxiogènes. Et malheureusement l'équilibre du film entre les moments de légèreté et de souffrance se volatilise peu à peu, à mesure que la folie prend de l'ampleur chez la mère pour tourner en vase clos, laissant un peu le spectateur à distance des émotions et donnant une impression bancale lors de certaines situations approximatives. En même temps ce long métrage pudique et délicat, foisonne d'idées pour décrypter au mieux l'intimité des êtres, et certaines s'avèrent assez réussies (notamment le volatile comme conscience extérieure de la jeune fille). La peur de la perte de l'autre thème qui irrigue de façon trop répété tout le film vers l'inéluctable, apporte également une touche nostalgique qui émeut surtout de façon assez abrupte pendant toute dernière partie du film assez émouvante. Pour interpréter cette mère hors de la raison, Noémie Lvovsky s'est fait confiance avec bonheur car elle est à nouveau épatante dans ce registre. Elle est bien accompagnée par la jeune révélation du film Luce Rodriguez dont la maturité de jeu est à saluer, tout comme l'interprétation très juste de Mathieu Amalric en père responsable ainsi que l'apparition émouvante d'Anaïs Desmoustier. Venez donc vous confronter à votre propre enfance et à vos relations avec vos parents, au cœur de Demain et tous les autres jours. Doux. Amer. Touchant.

seb2046
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 27 sept. 2017

Critique lue 1.1K fois

6 j'aime

seb2046

Écrit par

Critique lue 1.1K fois

6

D'autres avis sur Demain et tous les autres jours

Demain et tous les autres jours
Elsa_la_Cinéphile
6

Ma mère n'est pas folle, c'est une poète

Un nouveau film de Noémie Lvovski avec une maman folle. Décidément ! On peut se demander si c'est un élément inspiré de sa propre vie que ne cesse de nous conter Noémie Lvovski, à travers cette mère...

le 25 sept. 2018

6 j'aime

5

Demain et tous les autres jours
seb2046
6

Quand la démence nuit à l'enfance...

DEMAIN ET TOUS LES AUTRES JOURS (13,1) (Noémie Lvovsky, FRA, 2017, 91min) : Chouette fable sur la relation fusionnelle entre une mère divorcée à la frontière de la folie, et sa jeune fille de 9 ans...

le 27 sept. 2017

6 j'aime

Demain et tous les autres jours
Seemleo
7

Poésie maniérée

Noémie Lvovski doit tirer l'inspiration de ses histoires à l'aune de sa propre vie. Le sujet étant posé, le résultat est plutôt réussi, même si le dérapage n'est jamais loin. Luce Rodrig qui...

le 8 oct. 2017

5 j'aime

2

Du même critique

Plaire, aimer et courir vite
seb2046
8

Jacques et le garçon formidable...

PLAIRE, AIMER ET COURIR VITE (2018) de Christophe Honoré Cette superbe romance en plein été 93, conte la rencontre entre Arthur, jeune étudiant breton de 22 ans et Jacques, un écrivain parisien qui a...

le 11 mai 2018

36 j'aime

7

Moi, Tonya
seb2046
7

Wounds and cry...

MOI, TONYA (15,3) (Craig Gillespie, USA, 2018, 121min) : Étonnant Biopic narrant le destin tragique de Tonya Harding, patineuse artistique, célèbre pour être la première à avoir fait un triple axel...

le 19 févr. 2018

34 j'aime

2

La Villa
seb2046
7

La nostalgie camarade...

LA VILLA (14,8) (Robert Guédiguian, FRA, 2017, 107min) : Cette délicate chronique chorale aux résonances sociales et politiques narre le destin de 2 frères et une sœur, réunis dans la villa familiale...

le 30 nov. 2017

30 j'aime

4