Quatre allumés pour le prix d'un
Dans la vague de slashers bas du front ayant succédés à Halloween et vendredi 13, quelques essais sortent du lot, parmi lesquels Alone in the Dark, premier film de Sholder — auquel on devra la petite pépite The Hidden quelques années plus tard— qui se hisse hors de la masse en proposant une version très singulière du film de sérial killer, déjantée au possible.
C’est au moyen d’un humour noir intelligent, car pas envahissant, que l’auteur délivre sa sanglante comédie horrifique. Ses personnages sont tellement décalés qu’ils ne peuvent être considérés qu’au dixième degré : de ce directeur d’asile sous weed aussi perché que ses patients, à ces quatre allumés du bocal qui prennent un malin plaisir à décharner de l’humain, en passant par cette gamine de 10 ans dont la caboche est ornée du sens pratique d’une scientifique expérimentée, on a vite compris que l’ambiance était à la décontraction. A tel point que lorsque le surréalisme de la situation pète tous les high score, que la ville sombre dans une ambiance chaotique suite à une simple coupure de courant par exemple, le rire se substitue instantanément à la frustration qu’aurait pu engendrer l’incohérence de la situation.
Sholder n’a d’autre ambition dans Alone in the Dark que de rendre hommage, avec une version qui lui est personnelle, aux films de genre qui l’inspirent. Entre slasher malin, survival burné et film de siège malicieux, sa proposition sait être stimulante. Qui plus est, il s’entoure, pour l’occasion, de vieilles ganaches charismatiques un peu sur le retour (Jack Palance et Donald Pleasence dans un slasher, fallait le faire !), offrant au film, sinon une performance marquante, une vraie présence qui donne aux salopards de la pire espèce qu’ils incarnent plus d’épaisseur qu’à l’accoutumée. En outre, lorsqu’il faut sortir du plan marquant, Sholder ne fait pas le timide, et parvient à tirer joliment parti des contraintes budgétaires qui l’ont amené à revoir ses ambitions à la baisse —localisation du tournage en province notamment —.
Il génère alors des ambiances réussies, qui marquent la rétine et les sens. On garde en mémoire cette prise de catch hors ring, qui sonne le gong pour le pauvre petite taulier d’un asile rendu vulnérable par une simple panne de courant, ou la petite scène entre la jolie babysitteur et son copain, qui apporte le petit bonus boobs de circonstance (et attendu, cela va de soi !) avant de passer aux choses sérieuses.
Avec toutes ces belles qualités, Alone in the Dark aurait pu être la petite pépite oubliée qu’on espère toujours découvrir. Mais son rythme en dent de scie, sa première partie laborieuse et quelques choix d’écriture un peu cavaliers que le second degré ne peut totalement rattraper, dont ce semi twist final sorti de nulle part qui fait l’effet d’une farce de petit malin trop opportuniste, l’empêche de prétendre à ce statut.
Néanmoins, ces bémols mis à part, Alone in the Dark est un film à découvrir : en évitant de prendre trop au sérieux le genre qu’il embrasse, Sholder livre un petit slasher décomplexé, sans prétention, qui flirte habilement entre les genres pour filer la banane à tous les habitués de cinoche horrifique un peu fauché.
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